La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, et son homologue de la CFE-CGC, François Hommeril, ontdemandé mardi 15 avril au premier ministre François Bayrou « la nationalisation transitoire » de l’usine chimique Vencorex (Pont-de-Claix) près de Grenoble, afin de permettre au projet de reprise en coopérative, porté par des salariés et soutenu par un investisseur indien, d’« aboutir ». Le 10 avril, le tribunal de commerce de Lyon a jugé « irrecevable » ce projet de reprise, qui, selon ses défenseurs, aurait permis de sauvegarder davantage de postes et de garder ce « fleuron » de la chimie travaillant notamment pour la dissuasion nucléaire française.
Le tribunal de commerce a alors attribué une reprise partielle de Vencorex au géant chinois Wanhua, via sa filiale hongroise BorsodChem. L’industriel en question prévoit de reprendre un seul atelier de 46 salariés qui fabrique les produits finis et de se débarrasser du reste, important de Chine sa matière première. En somme, seulement 46 emplois seraient préservés sur un total d’environ 450 initialement. Or, Sophie Binet, et François Hommeril regrettent que ce jugement « n’ait pas pu prendre en considération un fait majeur survenu en cours de délibéré : l’arrivée d’un investisseur indien », comme ils l’écrivent dans leur courrier au premier ministre.
Un « vrai projet de pérennité de l’ensemble des activités »
Une copie de la missive a aussi été envoyée aux ministres de l’Économie et de l’Industrie ainsi qu’aux commissions des Affaires économiques et de la Défense de l’Assemblée nationale. Ce nouvel investisseur, qui s’est engagé à débloquer immédiatement 44 millions d’euros dans le projet de reprise, présente « de solides garanties financières » et permettrait « un vrai projet de pérennité de l’ensemble des activités », plaident-ils. « Nous soulignons que ce nouvel acteur représente de surcroît une possibilité d’ouverture à un important marché d’exportation en Inde » poursuivent-ils.
Ce projet baptisé CIRCEI (Coopérative industrielle de relance Chimie Electrochimie Isocyanate), bâti en quelques semaines par deux salariés de la CGT aidés par un entrepreneur local, a bénéficié d’une forte mobilisation locale et de promesses d’engagement financier.
« Compte tenu du caractère devenu fortement symbolique de Vencorex » mais aussi du « soutien très large apporté à notre projet » et « dans l’hypothèse malheureuse où une procédure d’appel du jugement ne soit pas lancée », Sophie Binet et François Hommeril demandent, dans leur courrier, que l’État « utilise le levier de la nationalisation transitoire permettant que la solution de reprise globale – construite autour du projet CIRCEI – puisse avoir le temps d’aboutir ».
Cette demande adressée au premier ministre, intervient après l’appel à la nationalisation temporaire de Vencorex, dès décembre, par des syndicats mais aussi plusieurs personnalités politiques. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, Christophe Ferrari, président de l’agglomération grenobloise, ou encore André Chassaigne, ancien président du groupe GDR à l’Assemblée nationale figurent parmi les signataires d’une tribune en ce sens. François Bayrou, sollicité à l’occasion, avait écarté cette solution dans un courrier fin février, affirmant qu’« une nationalisation, même temporaire, ne saurait être la réponse en l’absence de pérennité identifiée ». Elle est désormais sur la table.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
Vous connaissez d’autres médias qui font ça ? Soutenez-nous !Je veux en savoir plus.