Nous avons eu récemment un nouvel exemple de l’absence totale de considération pour les femmes victimes de violences sexuelles. La femme concernée s’est suicidée après avoir déposé plainte, mais la justice nous apprend que Monsieur a enfin assimilé qu’une personne inconsciente ne pouvait pas consentir. Quelle avancée prodigieuse ! Faut-il l’applaudir pour cette révélation qui arrive après la mort de la jeune femme ?
Lui, 26 ans, accusé de viol, a été remis en liberté par la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Rennes, le 18 avril 2025. Il a expliqué qu’il ne savait pas que « le fait d’avoir une relation avec une femme inconsciente » était considéré comme un viol.
Il affirme désormais comprendre la notion de consentement. Une révélation qui vient un peu tard. Pendant que ce novice en matière de droits humains élémentaires est libéré sous contrôle judiciaire, la jeune femme repose sous terre. Les faits remontent à mai 2023. Après une soirée, elle s’était endormie dans une chambre avant de se réveiller avec « quelqu’un sur elle ». Deux ex-compagnes de l’homme concerné témoignent de faits similaires durant leur sommeil.
Cette affaire s’inscrit dans une tragique banalité : celle de ces viols qui n’ont pas été commis par un homme médiatisé ou qui n’ont pas eu lieu dans des circonstances extraordinaires. Si certaines affaires sont surmédiatisées, d’autres — les plus courantes — semblent passer complètement sous les radars. Bien sûr, la médiatisation des procès comme celui de Dominique Pelicot est bénéfique en ce qu’elle permet à l’opinion publique de prendre conscience de l’ampleur et de la brutalité des violences sexuelles. Néanmoins, n’oublions pas les « simples » viols, les « simples » vies totalement écorchées, et parfois les « simples » suicides qui ne feront jamais la une des journaux.
On le sait désormais, dans 9 cas sur 10, une femme est violée par un proche. Ce sont des chiffres, mais derrière ces chiffres, il y a des femmes. Des femmes qui affrontent ce que Gisèle Halimi appelait « une mort inoculée ».
Comment ne pas penser à toutes celles qui, année après année, défilent dans mon cabinet. Élodie* violée par son ex-conjoint qui l’a réveillée avec son poing dans son vagin, justifiant qu’il pensait qu’elle apprécierait. Laura*, violée par son collègue chirurgien en pleine journée dans son bureau. Salma*, violée par son nouveau petit ami un soir devant Netflix. Jeanne*, violée par trois hommes rencontrés dans un bar. Céline, violée après une soirée, par l’homme avec qui elle était rentrée.
L’État a mis 24 ans à enfin décréter que les séances d’éducation à la vie sexuelle et affective (EVARS) prévues par une loi de 2001 devaient effectivement s’appliquer. Combien de mortes entre-temps ? Combien de mortes à venir ?
*Les prénoms ont été modifiés
Avant de partir, une dernière chose…
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