Les comportements patriarcaux persistent dans le monde du travail. Le sexisme qui en est inhérent constitue ainsi l’un des principaux obstacles avec lequel trois femmes sur quatre, interrogées dans le cadre du baromètre 2025 du sexisme ordinaire au travail, doivent composer au quotidien. Dévoilée par France Inter et publiée mardi 6 mai, cette enquête a été réalisée auprès de plus de 130 000 personnes, disséminées au sein de dix-neuf organisations signataires de l’initiative #StOpE (pour Stop au sexisme ordinaire en entreprise). Cette consultation est complétée par une enquête nationale réalisée par Ipsos auprès d’un échantillon représentatif de salariés en France.
« Les femmes veulent de la considération, rappelle Brigitte Grésy, ancienne présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, à l’origine du baromètre sur le sexisme ordinaire, au micro de France Inter. Elles veulent un sentiment de légitimité. » Or, les résultats de ce baromètre illustrent le fossé qui persiste entre les discours progressistes partagés dans le monde du travail et le peu d’actions concrètes, matérielles et politiques, mises en place.
« Certains disent que ça risque de discriminer les hommes »
« Dès qu’on rentre dans le concret, (les hommes) n’ont plus le même diagnostic ni la même conception des moyens que les femmes : « Les quotas, non, on ne va pas accélérer le mouvement, il vaut mieux décélérer. » Surtout, certains disent que ça risque de discriminer les hommes », fustige Brigitte Grésy. Par exemple, 77 % des femmes salariées déclarent être régulièrement confrontées à des propos ou des décisions sexistes. Une baisse minime par rapport à 2021, où 82 % des femmes interrogées se déclaraient victimes.
Trois femmes sur quatre déclarent être confrontées à des blagues sexistes, un phénomène qui n’a pas diminué depuis 2023. Près d’une sondée sur deux annonce avoir déjà été interpellée par un homme avec un qualificatif sexiste – loin de la remise en question de ces comportements nocifs, un homme sur deux pense que ces expressions sont bienveillantes, voire flatteuses. Deux salariées sur trois expliquent avoir été victimes d’un comportement sexiste lors d’une réunion, tandis que 64 % des hommes interrogés n’ont pas remarqué ces situations « invisibles » à leurs yeux. De même, 57 % des travailleuses sondées déclarent mettre en place des stratégies d’évitement – du choix de la tenue à des stratagèmes pour éviter un supérieur ou collègue au comportement misogyne – pour se protéger. Un résultat qui n’a pas évolué depuis 2023.
Le baromètre 2025 du sexisme ordinaire au travail met aussi en perspective les conséquences matérielles du patriarcat systémique, notamment sur la différence de salaire ou sur l’évolution des carrières. Plus d’une femme sur deux est ainsi moins rémunérée que ses homologues masculins à travail égal, sept femmes sur dix estiment qu’être mère constitue toujours un frein pour la carrière et une femme sur deux a déjà vu ses compétences remises en question à cause de son genre.
Les résultats du baromètre montrent que neuf salariés sur dix – tous genres confondus – reconnaissent que les comportements et propos sexistes constants ont un impact tangible sur le bien-être, sur la confiance en soi et sur la santé des femmes. C’est pourquoi les sondés dans leur ensemble appellent à ce que des actions soient mises en place, comme des sanctions pour les auteurs de propos et de comportements sexistes. De fait, plus d’une femme sur deux estime que son entreprise doit aller plus loin pour faire reculer le sexisme ordinaire.
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