Les outre-mer figurent parmi les territoires les plus exposés aux impacts du changement climatique. Un rapport publié ce mardi 3 juin par le Réseau Action climat (RAC) montre comment les départements, régions et collectivités d’outre-mer (Drom-COM) sont « confrontés à des aléas multiples et souvent combinés : intensification des cyclones, élévation du niveau de la mer, sécheresses plus fréquentes et intenses ou encore dégradation des écosystèmes avec des répercussions sur les conditions de vie des populations ».
Parmi les impacts observés, l’ONG a ainsi calculé que « dans un scénario de réchauffement de + 2 °C, les cyclones les plus sévères seront en hausse de 13 % ». Mais aussi que l’élévation du niveau de la mer, « qui pourrait atteindre jusqu’à + 76 cm voire 1 mètre en 2100, (menace) dès à présent de vastes zones habitées ».
« Facteurs structurels, notamment socio-économiques »
Autre constat : la disparition accélérée des récifs coralliens, déjà dégradés à 70 % en Guadeloupe, a des conséquences sur la biodiversité, la pêche et la protection des côtes. Quant aux sécheresses, « plus fréquentes, longues et intenses », elles compromettent « l’approvisionnement en eau et la production agricole ». « Ces phénomènes sont une réalité pour des centaines de milliers de personnes, et leur intensité s’aggravera dans les années à venir », alerte le RAC.
Si ces territoires ont leurs propres spécificités géographiques, culturelles et sociales, ils partagent néanmoins un point commun : « Tous sont particulièrement vulnérables face aux impacts du changement climatique en raison de facteurs structurels, notamment socio-économiques », souligne Benjamin Crettenand, chargé de sensibilisation au réchauffement climatique au sein du RAC.
Concrètement, les inégalités sociales y sont nettement plus marquées que dans l’Hexagone : 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté à Mayotte, 53 % en Guyane et 42 % à La Réunion, contre 14,4 % en métropole.
« Entre 35 % et 63 % de l’eau est perdue à cause de la vétusté des réseaux »
L’accès à l’eau potable illustre parfaitement ces fragilités : « L’eau est non seulement la plus chère de France – 6,52 euros/m³ en Guadeloupe (contre 4,19 euros/m³ dans l’Hexagone) – mais son approvisionnement est aussi extrêmement précaire : en Guadeloupe, à La Réunion, en Martinique ou à Mayotte, entre 35 % et 63 % de l’eau est perdue à cause de la vétusté des réseaux. Ces pertes, conjuguées au manque de sources naturelles, aux problématiques de qualité de l’eau et aux périodes de sécheresse plus intenses et plus longues, mettent en péril la sécurité hydrique de centaines de milliers de personnes », pointe l’étude du RAC.
Paradoxalement, très peu de données existent sur ces territoires. « On parle souvent de ces régions quand il y a une catastrophe, mais les projections liées au réchauffement climatique y restent sous-documentées », remarque Benjamin Crettenand.
Dans ce contexte, « il n’existe pas de solution miracle, reconnaît ce dernier. La seule manière de limiter ces impacts, c’est de baisser les gaz à effet de serre de façon massive ». Très exposés au changement climatique, ces territoires sont pourtant peu responsables de ce phénomène. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de la justice climatique, rappelle le RAC : « Aider en priorité celles et ceux qui, tout en ayant le moins contribué au problème, sont aujourd’hui en première ligne de ces conséquences. » Cela signifie des moyens financiers à la hauteur des enjeux et penser des politiques climatiques à l’échelle locale.
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