La présence d’autocollants néonazis dans plusieurs artères de la ville d’Orléans (Loiret) provoque une vague d’indignations. Sous le titre « zone interdite aux Musulmans », ils fustigent les prières de rue, le port du voile ou encore l’intégrisme présumé. Sans que l’on sache pour l’heure qui en sont les auteurs, le site internet qui figure au bas des stickers ne laisse pas l’ombre d’un doute.
Son propriétaire, résidant en Normandie, a été récemment condamné à de la prison ferme et son site n’est plus actif depuis la mi-mai. On pouvait y trouver des drapeaux nazis et des tee-shirts « refugees welcome » (bienvenue aux réfugiés) avec, en fond, le portail d’entrée du camp d’extermination d’Auschwitz. « Jusqu’alors, les militants identitaires utilisaient des slogans qui restaient dans le cadre de la légalité », relève Emmanuel Duplessy, député écologiste du Loiret. « Là, on a franchi un cap, mais nous craignons que comme à chaque fois, il y ait un deux poids, deux mesures dans l’échelle des réactions ». L’élu vient d’écrire à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, pour l’inviter à « une attention toute particulière » sur la question de la recrudescence d’actes islamophobes.
Provocation à la haine
La préfète du Loiret a également condamné ces faits racistes au travers d’un communiqué bref, mais avec un ton inhabituel. « La préfète condamne avec la plus grande fermeté l’affichage dans Orléans de messages incitant à la haine, à la violence ou à la discrimination envers la communauté musulmane. Elle saisit la procureure de la République au titre de l’article 40 du code de procédure pénale ». Cette dernière a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « provocation à la haine en raison de la religion ».
La ville d’Orléans et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) du Loiret ont parallèlement annoncé avoir porté plainte. « Il faudrait que certains élus prennent conscience qu’une partie de leurs discours a contribué à faire entrer le loup dans la bergerie », souligne Emmanuel Duplessy. « Je pense, par exemple, que la lettre de Serge Grouard (maire divers droite de la ville, NDLR) aux Musulmans a laissé des traces ». Au lendemain des attentats terroristes de 2015, le maire avait enregistré une vidéo dans laquelle ils se montraient particulièrement menaçants à l’encontre des musulmans de France.
Dans une déclaration commune, de nombreux syndicats, associations et partis de gauche (Solidaires, Attac, PCF, Planning familial, LFI…) ont également dénoncé ces actes à l’occasion d’un meeting unitaire.
Plus au sud de la ville, le campus universitaire a aussi été la cible de très nombreux autocollants aux messages ouvertement racistes et clairement inspirés du nazisme. La présidence de l’université s’en est émue. « De tels affichages sauvages de propos haineux ne sauraient être tolérés. Aucune forme de discrimination, quelle qu’elle soit, n’a sa place à l’université », écrit la présidence dans un communiqué qui précise que l’ensemble des visuels a été retiré et qu’un dépôt de plainte a là aussi été réalisé.
Ces faits n’arrivent pas comme la foudre dans un ciel calme, comme l’a rappelé Emmanuel Duplessy. De nombreux actes racistes, voire criminels (incendie récent de la salle de prière de la ville voisine de Jargeau) ont émaillé la vie locale ces derniers mois.
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