Le danger est désormais clair et immédiat : la perspective d’une déportation de masse des Palestiniens de Gaza est une réalité de plus en plus tangible. Depuis la rupture d’un cessez-le-feu qui avait fait un peu rapidement espérer la fin de la guerre, les opérations israéliennes ont repris de plus belle. Le « Chariot de Gédéon », du nom de l’opération de conquête israélienne, déferle sur Gaza, déjà meurtrie.
Les bombes pleuvent, les morts se multiplient, l’aide humanitaire n’est plus seulement insuffisante mais a été totalement bloquée par Israël pendant dix semaines. « 2 millions de personnes ont faim », alerte l’OMS. « 71 000 enfants ont besoin d’une prise en charge urgente contre la malnutrition aiguë », précise l’Unicef.
C’est désormais d’un « plan libyen » que parle la presse américaine : 1 million de personnes pourraient être déplacées vers la Libye, dont la situation chaotique en fait un interlocuteur docile pour accepter des subsides internationaux. Les Gazaouis sont menacés de déportation et l’ensemble du territoire palestinien d’être confisqué à ses habitants.
Ne rien faire, c’est être complice. Moralement, bien sûr, mais également au regard du droit international.
Si les regards sont braqués sur Gaza, ce qui se passe en Cisjordanie montre bien que la propagande israélienne n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux. Qu’est-ce qui y justifie la destruction de maisons, l’assassinat d’habitants, le saccage des récoltes, l’accaparement des terres ? Ici, point de Hamas derrière lequel se cacher, la colonisation s’y exerce sans autre explication que la volonté d’Israël d’étendre son territoire. L’exemple cisjordanien montre aussi l’hypocrisie des chancelleries occidentales qui n’agissent pas davantage pour stopper les horreurs dans les territoires occupés que le martyre des Gazaouis.
S’il est une diplomatie active, c’est bien celle de Donald Trump pour acheter la passivité des pays du Moyen-Orient. Il est le relais de puissants intérêts capitalistiques dans l’armement et dans de futurs projets, notamment immobiliers, dans la région. C’est là un important verrou contre une solution politique au conflit.
Cependant, la situation est si grave et les desseins coloniaux de Netanyahou si brutaux qu‘il n’est plus possible pour personne de détourner complètement le regard. Le président Emmanuel Macron est obligé de dire que la situation est « la plus critique que nous ayons connue ». Le chef de l’État dit aussi commencer à entrevoir le début d’une possibilité de sanctions contre Israël. Se défendant de tout « deux poids, deux mesures », il a pourtant rappelé que les sanctions européennes contre Poutine étaient intervenues en quelques jours seulement.
Au bout de dix-huit mois de massacre de la population palestinienne, l’Union européenne n’a pris strictement aucune mesure contre le gouvernement Netanyahou alors qu’elle met pourtant actuellement en œuvre des sanctions contre une trentaine de pays.
Or, ne rien faire, c’est être complice. Moralement, bien sûr, mais également au regard du droit international. Être partie prenante dans la Cour internationale de justice, qui a admis des « risques de génocide », implique le devoir d’agir contre les dangers qu’elle soulève. L’inaction expose donc les gouvernements à des poursuites pour manquement à leurs obligations internationales.
On sent d’ailleurs qu’à mesure que l’effroyable croît le risque d’être sévèrement jugés par l’histoire peut être une motivation chez une partie des officiels pour sortir de l’inertie. Plus sûrement encore, la pression populaire sera décisive : les opinions publiques mondiales se mobilisent. Des manifestations puissantes se multiplient dans certaines capitales européennes, les artistes dénoncent l’indicible, tout comme des voix s’élèvent dans la communauté juive. Sans naïveté sur les remords tardifs, c’est un signe que la situation devient insoutenable, y compris chez des tenants du « soutien inconditionnel » à Israël. La mobilisation doit s’amplifier pour empêcher l’irrémédiable.
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