
Par Gaëtan Lecocq
secrétaire général CGT ArcelorMittal Dunkerque
Il n’est plus temps de tergiverser : ArcelorMittal France (AMF) doit être nationalisé. Chaque jour qui passe nous rapproche de la catastrophe. Notre appareil de production d’acier est dans un état pitoyable, à bout de souffle, faute de stratégie industrielle de la part de Mittal.
Personne n’est pris par surprise : depuis des années, Mittal n’a pas fait les investissements nécessaires, et il entend désormais supprimer des emplois sur l’ensemble des sites d’AMF : Dunkerque, Mardyck, Desvres, Montataire, Basse-Indre, Florange, Mouzon, Saint-Denis. Mittal nous tire une balle dans le pied, dans le seul but de nous faire crever. Ce ne sont pas seulement les salariés qui le disent : le président d’AMF, Alain Le Grix de la Salle, confiait récemment son doute sur l’avenir à court terme devant les parlementaires.
La viabilité d’AMF n’est pas en cause : nous rapportons de l’argent à Mittal, mais jamais assez à son goût. D’où sa volonté de se désengager du continent européen. La nationalisation permettrait de remettre en état nos installations. Le Royaume-Uni, l’Italie procèdent en ce moment à de telles nationalisations : pourquoi pas la France ?
À la différence de Mittal, l’État n’est pas un banquier. Cela stabiliserait le marché de l’acier en France. Imaginez : si demain la France ne produit plus d’acier, elle sera dépendante de l’Inde ou du Brésil, au risque de perdre la maîtrise des prix et de déstabiliser toute l’industrie française.
C’est donc une question de souveraineté et d’intérêt national. Aucune industrie ne peut se passer d’acier en France. La transition énergétique et environnementale demande d’en produire davantage, pour fabriquer les rails dont on a besoin pour relancer le transport ferroviaire, par exemple. Comme l’électricité, l’acier doit être considéré comme un bien commun.
Pour des raisons idéologiques, les libéraux qui nous gouvernent ne veulent pas de nationalisation. Tout le monde aurait pourtant à y gagner : les salariés, dont les syndicats devraient entrer au conseil d’administration de l’entreprise, et l’État, dont chaque euro versé serait converti en part de capital. La décarbonation de notre industrie pourrait enfin être menée à bien. Il ne manque qu’une chose : la volonté politique.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
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En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
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