Après cinquante ans de néolibéralisme dominant, il faut montrer patte blanche lorsque l’on parle de nationalisation sous peine d’être traité de fou. Économiste atterré, Dany Lang relève le défi. En pleine incertitude quant à l’avenir d’ArcelorMittal, producteur des deux tiers de l’acier français, l’universitaire explique pourquoi la nationalisation est tout indiquée pour sauver ce socle de l’industrie hexagonale. Une prise de contrôle par l’Etat pour laquelle 67% des Français sont favorables, selon un sondage Ifop pour l’Humanité magazine publié ce jeudi.
Qu’entend-on par nationalisation ?
Dany Lang
Spécialiste des « dynamiques du capitalisme et analyses post-keynésiennes » au Centre d’Économie de Paris 13 Nord
Ce terme désigne une situation où l’État prend le contrôle majoritaire – c’est-à-dire plus de 50 % de l’actionnariat – d’une entreprise, en indemnisant les actionnaires, ou en les spoliant, ce qui est plus rare dans une démocratie.
Pourquoi cette opération semble-t-elle proscrite de l’action publique ?
C’est lié au tournant des années 1980 : le vent est au néolibéralisme et son souffle a même connu une accélération notable en France sous Hollande et surtout sous Macron. Dans la pensée néolibérale, la nationalisation n’est pas bien…