Face à la réduction des subventions allouées au festival et qui représente 10 % du budget global, une souscription est lancée. Entretien avec Philippe Leclant, le fondateur du Festival de musique ancienne à Maguelone.
Vous êtes le fondateur du Festival de musique ancienne à Maguelone qui se déroule en ce moment et vous avez fait une demande un peu particulière au public cette année pour la 42e édition…
Les choses deviennent de plus en plus compliquées pour le festival. Les finances publiques sont aujourd’hui en grande difficulté, que ce soit au niveau de l’État ou des collectivités locales. On assiste à une diminution progressive des subventions, des grignotages, et cette année, cela atteint un peu son paroxysme. On a pratiquement 10 % de notre budget qui disparaît. Alors nous avons décidé de lancer une souscription.
Une lettre pour chaque festivalier
Vous incitez les festivaliers au mécénat ?
Nous distribuons à chaque festivalier une lettre. Nous encourageons le public à nous soutenir par le biais du mécénat. Avec la baisse des subventions que nous subissons, on s’est dit qu’on allait solliciter le public, s’il avait envie de nous soutenir et de nous apporter une contribution complémentaire sous forme de dons.

Comment chacun peut-il participer concrètement ?
Les dons peuvent être effectués en ligne sur le site “Les Muses en Dialogue” via une plateforme sécurisée. Il est également possible d’envoyer un chèque avec un bulletin de souscription pour apporter une contribution.
Une baisse de 10 %, ça représente combien pour un festival comme le vôtre ?
Sur un budget global de 150 000 euros, 10 % représentent environ 15 000 euros.
Craignez-vous d’autres baisses dans les années à venir ?
C’est très variable selon les collectivités. Le Département est en difficulté depuis un certain temps, principalement à cause du budget social. Malgré cela, il a continué de soutenir le festival, bien que les subventions aient baissé. La Région a annoncé des baisses de 5 à 10 % selon les structures, et l’État aussi commence à réduire. Je redoute particulièrement l’année 2026, qui s’annonce difficile pour le budget du ministère de la Culture.
C’est un contexte difficile pour le secteur culturel, mais on n’est pas là pour se lamenter. Nous continuons à chercher des solutions, notamment en cherchant des financements auprès des entreprises.
Quid du mécénat d’entreprise justement ?
Le mécénat d’entreprise accuse le coup à cause du contexte économique et international morose. Le moral des entreprises est en berne, et cela impacte le montant des dons.
Comment anticipez-vous ces baisses ?
On essaie d’anticiper, mais les collectivités nous notifient souvent tardivement des montants de subventions, parfois même après que le programme est bouclé. On est quand même prudent. Par exemple, cette année, j’aurais dû clôturer la programmation le 15 avec Jordi Savall, qui est une des stars de la musique baroque au niveau international. Au mois de janvier, quand j’ai vu que ça commençait à être compliqué, j’ai appelé Jordi et je lui ai expliqué que je ne pouvais pas faire le concert qu’on avait prévu.
Malgré les difficultés, le public est encore au rendez-vous ?
Oui, heureusement ! On a su constituer un public fidèle et présent. Les concerts sont complets sauf celui de clôture prévu le jeudi 12 juin (il reste encore des places). Nos recettes propres, grâce à la vente de billets, demeurent essentielles.