Une enquête du Figaro révèle l’ampleur des problèmes d’addiction à l’Assemblée nationale, entre consommation excessive d’alcool à la buvette et usage de stupéfiants par certains élus ou collaborateurs. Plusieurs députés témoignent de dérives liées au rythme intense et aux tensions politiques, dans un contexte de débats de plus en plus houleux.
Assemblée nationale, vie parisienne, circonscriptions… Les parlementaires français sont depuis quelque temps au cœur de différentes polémiques liées à des problèmes d’addiction. Si tous les élus ne sont bien sûr pas concernés, l’enquête publiée en fin de semaine dernière par Le Figaro semble confirmer que la drogue et l’alcool sont un vrai sujet à l’Assemblée.
“Si tu suis correctement le rythme parlementaire, tu peux être en situation de consommer beaucoup d’alcool tous les soirs. Ça m’est arrivé à certaines périodes”, confie par exemple une députée à nos confrères, en faisant référence à des moments forts de l’activité législative comme le retour à l’hémicycle après la dissolution de 2024 ou pendant la réforme des retraites de 2023.
“Plus les combats politiques sont forts, plus on passe de temps à la buvette car ce sont des moments où nous avons besoin de générer du collectif et de passer des moments d’ivresse partagée”, raconte cette même parlementaire en référence à la fameuse buvette de l’Assemblée nationale, où les députés peuvent se rejoindre pour passer un petit moment convivial entre collègue autour de verres de bière, vin ou encore whisky.
Des séances plus tendues
“Je le vois maintenant que je préside. Les séances les plus remuantes se déroulent le soir quand il y a la fatigue et la buvette. Ceux qui ont picolé, on les voit tout de suite, leur niveau sonore n’est pas le même”, dévoile Nadège Abomangoli, vice-présidente LFI du Palais Bourbon.
Les problèmes de drogues sont également récurrents chez quelques députés ou attachés parlementaires. L’une d’entre elles raconte : “Ils ont un rythme de dingue. Certains députés et attachés parlementaires sniffent dans leur bureau pour tenir physiquement”. Une pratique qui s’est “énormément démocratisée”, ajoute-t-elle. Difficile de ne pas penser au cas d’Andy Kerbrat, député LFI, interpellé en octobre dernier à Paris après avoir été pris en flagrant délit d’achat de drogue et exclu depuis deux semaines de l’Assemblée nationale.
“C’est très très dur de rester en forme. En étant député huit ans, j’ai déjà pris dix kilos. Vous mangez mal, vous buvez, vous dormez peu, vous travaillez tous les week-ends… Et il est évident que j’ai perdu en espérance de vie”, déplore de son côté un élu macroniste.