Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a totalement remis en question les politiques de lutte contre les discriminations. Dès les premiers jours de son mandat, un décret présidentiel a mis fin aux fonctions « diversité, équité, inclusion » dans l’administration, au nom d’une promotion au seul mérite.
Cette politique a-t-elle un impact dans l’Hexagone ? 34 % des salariés interrogés dans le cadre du baromètre du cabinet Empreinte humaine estiment que l’arrivée de Trump au pouvoir favorise l’expression d’une intolérance grandissante (propos racistes, sexistes, intolérance concernant l’orientation sexuelle) dans leur entreprise.
Fin mars, plusieurs grandes entreprises françaises ont reçu une lettre de l’ambassade américaine leur enjoignant d’abandonner leurs programmes de lutte contre les discriminations, sous peine de ne plus pouvoir travailler avec le gouvernement des États-Unis. Ce courrier a provoqué un véritable tollé. « Dans les entreprises, nous avons alors assisté à des prises de position fortes contre cette ingérence et cette atteinte à la souveraineté française, et pour défendre les politiques de diversité au nom de l’attachement à nos valeurs », raconte Marie-Victoire Chopin, docteure en psychologie, qui réalise de nombreuses interventions en entreprise. « Ces prises de position vont-elles réellement se décliner dans les faits et perdurer si les nouvelles politiques américaines s’inscrivent dans le temps ? Que va-t-il se passer dans les filiales françaises des sociétés américaines ? » s’interroge-t-elle toutefois.
Un rejet très violent du « wokisme » parmi les hauts cadres
Si les acteurs de la promotion de la diversité serrent fortement les rangs, seront-ils suivis par les directions au plus haut niveau ? Jean-Claude Delgènes, président fondateur du cabinet Technologia, est assez inquiet. « Parmi les hauts cadres des grandes entreprises s’exprime désormais un discours de rejet très violent du « wokisme », qui fustige non seulement l’écriture inclusive mais plus généralement les politiques de lutte contre les discriminations faites aux femmes et de promotion de l’égalité professionnelle. »
Sur le réseau social professionnel LinkedIn, jusqu’à présent plutôt lisse, des propos, heureusement encore minoritaires, justifient de manière décomplexée la discrimination à l’embauche en raison de l’origine ou de la religion. Dans son rapport annuel publié le 25 mars, le Défenseur des droits fait état d’« un pic inquiétant des appels au moment des élections législatives, pour dénoncer principalement des propos et comportements racistes, antisémites et islamophobes », soit une hausse de 53 % entre mai et juin 2024.
Sophie Cot Rascol, directrice des accompagnements psychologiques au cabinet Empreinte humaine, reste néanmoins optimiste. « Il existe une attention beaucoup plus forte des salariés à ce qui relève du respect. La libération de la parole des victimes présumées de harcèlement vient heurter ceux qui n’ont toujours pas conscience que certains propos n’ont plus leur place dans le monde du travail, ni même ailleurs. Face à ces formes de résistance, nous entendons tous ceux qui souhaitent que cette évolution des mentalités se poursuive. » Reste à savoir qui l’emportera.
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