Pour répondre à la colère de la population qui ne trouve plus de médecin traitant et qui doit payer des dépassements d’honoraires très élevés chez les spécialistes, les parlementaires multiplient les propositions de loi et les missions. Ainsi a été adoptée une loi pour réguler l’installation des médecins qui a provoqué une réaction de rejet des syndicats de médecins libéraux. L’intérêt de cette loi n’est pas son contenu, qui ne réglera pas le problème, mais le débat salutaire qu’elle a provoqué, avec une opposition frontale entre les citoyens et la représentation corporatiste de la profession médicale.
Dans ce contexte, le premier ministre vient de demander le lancement d’une mission parlementaire sur les dépassements d’honoraires. Bonne initiative ! En effet, le rapprochement dans le temps de ces deux débats est intéressant mais il faut regretter que les deux questions n’aient pas été traitées ensemble. En effet, la liberté d’installation et la rémunération à l’acte, consubstantielle des dépassements d’honoraires, sont les deux piliers fondateurs de la médecine libérale et sont intimement liées.
La bonne question à se poser est de savoir si le système libéral peut répondre aux besoins de la population, qui ont radicalement changé depuis la fin du XXe siècle. Les patients sont aujourd’hui majoritairement des personnes atteintes de maladies chroniques pour lesquelles l’objectif n’est plus de guérir mais de maintenir en meilleur état de santé possible le plus longtemps possible.
Dans ce contexte, le médecin doit travailler en équipe avec d’autres professionnels de santé et la rémunération à l’acte n’est plus pertinente. Par ailleurs, la coordination entre les différents intervenants est essentielle, ce qui n’est pas possible avec une médecine spécialisée qui multiplie les actes techniques, du fait de leur caractère très rémunérateur, sans aucune approche globale du patient prenant en compte ses particularités physiques mais aussi sociales et psychologiques. Il est essentiel que les parlementaires abordent la question d’un autre modèle que la médecine libérale qui est celui des centres de santé avec des médecins et des professionnels salariés.
Ce type d’organisation répond aux objectifs de travail en équipe et de la fin de la rémunération à l’acte, donc des dépassements d’honoraires. Alors, mesdames et messieurs les députés, ayez le courage de vous opposer au lobby corporatiste de représentants d’une profession très représentée dans l’Hémicycle qui doivent enfin comprendre qu’ils ne peuvent plus décider seuls de leur mode d’exercice, car ils sont de fait des salariés indirects de la Sécurité sociale. D’autant qu’ils ne sont plus en phase avec les besoins de leurs patients, qui financent le système avec leurs cotisations sociales, mais aussi avec une partie de plus en plus importante des jeunes médecins qui aspirent à ces changements.
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