Il n’y a pas que Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez qui se disputent le premier rôle à droite. Il y a aussi Édouard Philippe. En plein congrès des « Républicains », l’ex-premier ministre s’est rappelé au bon souvenir de son ancien parti en tenant un meeting à Marseille samedi 17 mai.
L’occasion pour celui qui affirme vouloir « être président de la République » de tracer sa route et d’envoyer des messages. Laurent Wauquiez a ainsi été accusé de faire du « trumpisme au petit pied en rêvant de ressusciter le bagne », en plus de sombrer dans le « n’importe quoi populiste qui commence en farce et se termine en tragédie ».
Bruno Retailleau, qui considère que l’État de droit n’est « ni intangible ni sacré », en a lui aussi pris pour son grade, Édouard Philippe affirmant qu’« être républicain, au sens noble du terme, c’est défendre l’État de droit, combattre ceux qui veulent s’asseoir dessus ».
Des divergences à lire entre les lignes
Plus largement, Marine Le Pen a également été ciblée, le maire du Havre fustigeant la réaction de la députée RN lorsqu’elle a été condamnée, en première instance, à une peine d’inéligibilité : « La loi est la loi. Si elle est mal faite, il faut la changer, mais pas critiquer les juges lorsqu’ils l’appliquent. »
S’il a distribué quelques piques, Édouard Philippe n’en a cependant pas fait l’ossature de sa prise de parole, cherchant surtout à illustrer sa vision de la République. Certaines divergences étaient à lire entre les lignes. Ainsi, il a d’emblée honoré la mémoire de deux résistants marseillais au moment de s’exprimer.
Une communiste, Raymonde Tillon, et un gaulliste, Émile Muselier, quand, il y a quelques jours, Laurent Wauquiez avait eu ces mots : « Aux législatives chez lui, Édouard Philippe a appelé à voter pour le PCF pour faire obstacle au RN. Ce n’est absolument pas ce que je ferais, moi. »
Pour un retour de la double peine
Et s’il n’y a eu aucun débat de fond, au final, entre Wauquiez et Retailleau, le président d’Horizons est venu montrer qu’il existait d’autres lignes à droite. Par exemple en rendant hommage à des immigrés débarqués à Marseille, comme Albert Cohen et Missak Manouchian. En affirmant que « les discriminations que subissent nos concitoyens sont une insulte à notre République » et même en évoquant « l’injustice vécue par celle qui travaille dur et qui voit son patron gagner cent fois plus qu’elle ».
Mais, parce qu’il est bel et bien de droite, Édouard Philippe n’a pas moins nourri certains fantasmes, fustigeant « l’injustice vécue par celui qui travaille dur pour gagner le Smic, et qui ne comprend pas pourquoi son voisin, sans réellement travailler, gagne à peu près autant que lui », avant de valider la théorie de « l’ensauvagement » tout en estimant qu’une « partie de la violence qui s’exprime dans notre société est liée à l’immigration ».
Défendant l’expulsion de tout étranger non « irréprochable », le candidat pour 2027 plaide pour un retour de la double peine, la suppression du juge d’application des peines et « l’enfermement immédiat des délinquants, y compris pour des peines très brèves, dès la première infraction, dans des établissements pour courtes peines ». Il invite aussi à revoir la formation de magistrats qu’il estime trop partiaux. Pour conclure, il s’en est pris aux aides personnalisées au logement (APL) et au modèle social, avant de finir sur une note sarkozyste, reprenant à son compte le leitmotiv du « travailler plus pour gagner plus ».
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