Le constat est clair pour la Confédération internationale du travail (CSI) : « Nous assistons à un coup d’État contre la démocratie. » La principale confédération syndicale de la planète alerte, à l’occasion de la publication, lundi 2 juin, de la 12e édition de son Indice des droits, quant à « l’attaque concertée et soutenue des pouvoirs publics et des entreprises qui minent la démocratie contre les droits et le bien-être des travailleurs ».
La sûreté des travailleurs est ainsi « en chute libre » au niveau mondial. Les tentatives de contourner la négociation collective et les atteintes contre les représentants syndicaux se multiplient. De plus, « cette attaque est orchestrée par des démagogues d’extrême droite soutenus par des milliardaires déterminés à remodeler le monde selon leurs propres intérêts, au détriment des travailleurs ordinaires », regrette la CSI.
Seuls sept pays obtiennent la note maximale
Au total, 87 % des pays ont violé le droit de grève et 80 % des pays ont violé le droit de négociation collective. Les travailleurs n’ont pas ou peu eu accès à la justice dans 72 % des pays, « soit une forte augmentation par rapport aux 65 % enregistrés en 2024, ce qui représente le niveau le plus élevé jamais enregistré dans l’indice », résume le rapport.
Son indice annuel se base sur une liste de 97 indicateurs issus des conventions internationales et de la jurisprudence de l’Organisation Internationale du travail (OIT). Parmi les principales conclusions de cette étude annuelle, qui fait l’inventaire des atteintes aux droits des travailleurs dans 151 pays, la CSI relève une dégradation dans trois régions du monde sur cinq. L’Europe et les Amériques enregistrent quant à eux leurs pires résultats depuis la création de l’Indice, en 2014.
Le syndicat attribue à chaque pays une note maximale de 1 et minimale de 5 pour le respect qu’ils témoignent aux droits des travailleurs (de faire grève, de manifester, de participer à des négociations etc.). Seuls sept pays du panel – l’Autriche, le Danemark, l’Allemagne, la Suède, l’Islande, l’Irlande et la Norvège – obtiennent la note maximale, alors qu’ils étaient dix-huit il y a dix ans. La CSI a également recensé la mort de syndicalistes ou de travailleurs dans cinq pays en 2025 : l’Afrique du Sud, le Cameroun, la Colombie, le Guatemala et le Pérou. Les dix pays les moins favorables aux travailleurs, en 2025, sont le Bangladesh, la Biélorussie, l’Équateur, l’Égypte, l’Eswatini, le Myanmar, le Nigeria, les Philippines, la Tunisie et la Turquie.
Des difficultés d’accès à la justice
En France, la CSI regrette une négociation collective « en état de siège » dans les petites et moyennes entreprises depuis « des réformes régressives en 2017 ». Si le « droit de négociation collective a été restreint dans 121 pays », la confédération assure qu’en France « près de quatre conventions collectives sur dix ont été imposées unilatéralement par les employeurs, sans représentation syndicale ».
Elle dénonce également des atteintes à l’encontre de certains responsables syndicaux et explique avoir recensé « plus de 1 000 dirigeants syndicaux et membres de la Confédération générale du travail (CGT) » qui « ont fait l’objet de poursuites au pénal et de mesures disciplinaires pour le rôle qu’ils ont joué dans les manifestations de masse contre la réforme des retraites ». Toujours dans l’Hexagone, la CSI pointe des difficultés d’accès à la justice pour les travailleurs, notamment des délais d’attente importants dans les tribunaux, ainsi que des « limites imposées pour l’indemnisation des licenciements abusifs ».
Plus largement, « si le déclin se poursuit à ce rythme, dans dix ans, plus aucun pays au monde n’obtiendra la note la plus élevée en matière de respect des droits des travailleurs », a déploré Luc Triangle, le secrétaire général de l’organisation, dans un communiqué. Cette détérioration s’est notamment poursuivie de manière marquée et rapide en Europe. Le continent connaît en 2025 la plus forte baisse de toutes les régions du monde depuis dix ans.
À l’inverse, la Confédération internationale du travail met en avant une amélioration au sein de plusieurs États. Des réformes politiques entreprises par le gouvernement australien ont par exemple contribué à renforcer les droits syndicaux dans le pays. Au Mexique, la CSI a également salué des réformes en matière de droit du travail et notamment la mise en place de mécanismes de conciliation qui offrent un meilleur accès à la justice du travail. Cela reste cependant de rares exemples noyés dans un phénomène global. Les pays dont les droits des travailleurs sont sauvegardés risquent donc de continuer, dans les années à venir, à se compter sur les doigts d’une main.
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