L’audition a quelque peu dérapé sur un débat au sujet de la presse. Bernard Arnault s’est retrouvé contrit que l’Humanité fasse sa Une du jour sur les 1 200 suppressions de postes dans les maisons de Champagne et de Cognac, propriétés de son groupe, et s’en est plaint en haut lieu. Avant de répondre à toute question, il a accusé le rapporteur, qui se trouve être le directeur du journal, de l’avoir attaqué, bien que les articles publiés ce jour n’aient pas de rapport direct avec le sujet de la commission d’enquête : les aides publiques aux grandes entreprises.
Mis en cause, Fabien Gay a rétorqué qu’il ne tenait pas le stylo des journalistes, « contrairement à vous-même » a-t-il supposé au regard de la double page publiée lundi par Les Échos – propriété de Bernard Arnault – titrée « les patrons face aux pièges des commissions d’enquêtes », comparant Fabien Gay à un inquisiteur et qualifiant ladite commission de « démagogie politique ».
TVA et mauvaise foi
Les sénateurs sont parvenus à recentrer le sujet. Ont pu être évoqués les aides publiques touchées par LVMH en France : 64,5 millions d’euros de crédit d’impôt en 2023 et 193 millions d’euros de baisses de cotisations, que la direction du groupe a mis en relation avec les 6 milliards d’euros d’impôt sur les sociétés payés dans le monde, dont la moitié en France.
Fabien Gay est revenu à la charge, citant les hausses des dividendes et le plan de rachat d’action : « Comprenez-vous que cela puisse choquer qu’un groupe aidé et qui distribue massivement de l’argent à ses actionnaires, supprime 1 200 postes ? » Bernard Arnault a à nouveau contesté le terme, quand son bras droit s’est contenté de justifier qu’il était normal de rémunérer les actionnaires.
Fut ensuite évoqué le sujet des achats faits par détaxe. François-Henri Pinault, auditionné la semaine dernière, avait reconnu que 20 % des ventes du groupe Kering en France sont réalisées avec ce mécanisme où la TVA sur les produits de luxe est remboursée à l’acheteur. Chez LVMH, 20 % et 25 % des 7 milliards d’euros réalisés en France sont également ainsi détaxés.
« Ce n’est absolument pas une aide fiscale, même indirecte », s’est défendue la direction, en citant une étude britannique, pour assurer que le coût de l’arrêt de la détaxe serait bien pire, en termes de perte d’attractivité, que son maintien.
Plus généralement, l’homme le plus riche de France a nié catégoriquement toute optimisation fiscale et encore moins évasion, malgré la présence de LVMH dans les scandales LuxLeaks et Paradise Papers, publiés par Le Monde. « Se faire accuser d’optimisation fiscale alors que nous sommes le groupe qui payons le plus d’impôts ? » s’est-il offusqué. « Le Monde est un journal LFIste, et je vous le dis, ce qu’il y a le mieux dedans, ce sont les mots croisés ». Son gendre, Xavier Niel, actionnaire du Monde, appréciera.
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