L’homme qui se présente en premier à la barre est grand. Cette fois-ci, il ne porte pas de kilt. Et son imposante chevelure rouge frisée, souvenir du temps de son impunité au service créatif d’Ubisoft, a grisé et s’est fait ratiboiser. Pendant plusieurs minutes, peut-être parmi les plus longues de sa vie, il a écouté, ce lundi 2 juin matin, la liste des accusations qui lui sont reprochées au tribunal correctionnel de Bobigny : harcèlement moral et sexuel et tentative d’agression sexuelle, lorsqu’il était cadre – vice-président du pôle éditorial – du fleuron du jeu vidéo français.
Thomas, dit Tommy François, reste impassible, le regard fixe, tête légèrement baissée. Son successeur à la barre, Serge Hascoët, lui, tient difficilement en place. Il fait régulièrement non de la tête avec agacement. « Des difficultés monsieur ? » questionne la présidente, interrompant son énumération. Puis, régulièrement à l’écoute des accusations, il se retourne vers la salle, cherche du regard. Une victime ? Un témoin ? Un soutien ?…