
Avis par Pascal Lamy, Geneviève Pons (Paris / Bruxelles) Vendredi 09 mai 2025 Interinter Press Service
Paris / Bruxelles, 09 mai (IPS) – Si l’on le souhaitait, il serait tout à fait possible de passer une vie à voyager d’une conférence environnementale internationale à l’autre, sans jamais rentrer chez elle. Mais le rythme incessant de ces réunions ne se traduit pas toujours par une action tout aussi rapide.
Au lieu de cela, le résultat est souvent une progression douloureusement lente, des engagements et des délais qui peuvent s’étendre en années, voire des décennies. La frustration du public monte, fatiguée des promesses brisées. Il veut que l’action s’attaque au climat et aux crises de biodiversité avant qu’il ne soit trop tard.
Dans ce vide de leadership environnemental mondial, l’Union européenne a la possibilité d’intensifier la gestion de la plus grande ressource partagée de notre planète: l’océan.

L’océan est le système de survie de la Terre. Il couvre plus de 70% de notre planète, régule le climat en absorbant le dioxyde de carbone, produit au moins la moitié de l’oxygène que nous respirons, soutient des millions de moyens de subsistance, fournit de la nourriture pour des milliards et maintient des mystères que nous venons de commencer à découvrir.
Pourtant, malgré son rôle fondamental dans la santé planétaire et la survie humaine, l’océan reste sous-agressant contre le changement climatique, la pollution, la surpêche et la destruction de l’habitat.
Plus alarmant, de vastes zones de l’océan – en particulier de la haute mer – restent dangereusement sous protégés.
C’est pourquoi il est à la fois remarquable et accueilli que, comme l’a souligné le président du Conseil de l’UE, Antonio Costa, les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’UE sont arrivés – pour la toute première fois – des conclusions ambitieuses sur l’océan au Conseil européen de mars 2025.
Parmi ceux-ci, il y avait un engagement à ratifier rapidement le nouveau traité de haute mer, un accord international historique finalisé en 2023 après près de deux décennies de négociations.
Ce traité, également connu sous le nom de la biodiversité au-delà de l’accord national de juridiction (BBNJ), est une pierre angulaire de la conservation marine et a été saluée comme une victoire majeure pour le multilatéralisme. Il détient un énorme potentiel pour protéger la vie marine en haute mer – les deux tiers de l’océan qui se trouvent au-delà des frontières nationales. Mais les traités ne protègent pas les écosystèmes – les pays le font.
Et à moins que 60 nations ne ratent l’accord afin qu’il puisse entrer en vigueur, son potentiel historique ne restera rien de plus que des mots sur papier.
Ici, l’UE a une chance de montrer l’exemple – et par des nombres. Avec ses 27 États membres, il détient la clé pour changer la donne pour accélérer le processus d’entrée en vigueur. L’UE a finalisé sa ratification en juin 2024, mais les progrès entre les États membres individuels ont pris du retard.
À l’heure actuelle, seule la France et l’Espagne ont officiellement déposé leurs instruments de ratification avec les Nations Unies. Plusieurs autres sont proches, mais l’élan global est insuffisant. Dans un développement positif visant à faciliter la ratification et à la préparation de la mise en œuvre, la Commission de l’UE a récemment proposé une directive de transformation de l’accord BBNJ en droit de l’UE.
Les États membres doivent accélérer de toute urgence leurs processus nationaux pour terminer leur ratification et envoyer un signal fort de leadership mondial. Cette urgence et cette feuille de route sont décrites en détail dans le dernier dossier politique de Jacques Delors, qui met en évidence les principaux leviers institutionnels, juridiques et diplomatiques disponibles pour l’UE et ses États membres.
Les enjeux ne pouvaient pas être plus élevés. 40% des citoyens de l’UE vivent dans les zones côtières, qui contribuent environ 40% du PIB de l’UE. L’UE, ainsi que ses territoires à l’étranger, possèdent également la plus grande zone économique exclusive du monde. De la stabilité économique à la sécurité énergétique et à l’approvisionnement alimentaire, l’océan est inextricablement lié à la prospérité de l’Europe. Un océan dégradé signifie une Europe moins sûre, moins résiliente et moins prospère.
Le vrai leadership signifie plus que faire des déclarations audacieuses, il s’agit de fournir des résultats.
En juin, la 3e conférence Ocean UN (UNOC3) aura lieu sur le sol européen – à Nice. La conférence a été désignée comme le moment politique clé pour garantir les 60 ratifications nécessaires pour déclencher l’entrée du traité en vigueur.
Atteindre cet objectif est essentiel non seulement pour maintenir le leadership et la crédibilité de l’UE sur la gouvernance des océans, mais aussi pour atteindre des engagements internationaux plus larges – y compris l’objectif du Kunming-Montreal Biodiversity Framework de protéger 30% de l’océan d’ici 2030 (30×30).
L’UE doit intensifier sa «diplomatie bleue», tirant parti des initiatives comme la High Ambition Coalition for the High Seas Treaty, qu’elle a aidé à établir, à stimuler les efforts mondiaux de ratification et de mise en œuvre de ses 52 membres. Cette conférence doit prouver qu’une fois de plus le multilatéralisme environnemental peut encore livrer lorsqu’il est le plus important.
L’UE a établi un cours ambitieux sur la gouvernance des océans. Le lancement imminent du pacte de l’océan européen, qui s’appuie sur les fondations posées par le manifeste d’un pacte de l’océan européen initiée par l’Europe Jacques Delors et la Fondation Oceano Azul, et les récentes conclusions du Conseil de l’UE sur l’océan, sont de forts signaux d’intention.
Avec l’ordre mondial en flux et en alliances géopolitiques qui se déplacent rapidement, l’UE doit travailler ensemble et adopter son rôle à la fois en tant que force de stabilisation et champion de l’océan. La livraison du traité de haute mer – grâce à une ratification rapide, une préparation diligente à la mise en œuvre et à la création d’un cadre de gouvernance robuste – sera un moment déterminant pour l’UE. Il s’agit d’un test de sa crédibilité, de son leadership et de sa vision pour l’avenir.
Le monde regarde. L’océan attend. Et l’horloge tourne.
Pascal Lamy est le vice-président de l’Europe Jacques Delors et ancien directeur général de l’OMC. Geneviève Pons est le vice-président et directeur général de l’Europe Jacques Delors et un principal défenseur de la conservation des océans.
Ips un bureau
Suivez @IPSNewsUnBureAufollowing IPS News UN Bureau sur Instagram
© Inter Press Service (2025) – Tous droits réservés. Source d’origine: service de presse inter
Où ensuite?
Dernières nouvelles
Lisez les dernières nouvelles:
Des engagements à l’action: leadership océanique de l’UE sur la ligne Vendredi 09 mai 2025Les gangs armés étendent leur contrôle dans le département du centre d’Haïti Jeudi 08 mai 2025Les talibans ont tout pris – même mon espoir Jeudi 08 mai 2025India-Pakistan: Au bord – mais y a-t-il un moyen de revenir? Jeudi 08 mai 2025‘Elle pleure dans son sommeil’: une crise plus profonde se profile sous la dévastation du tremblement de terre du Myanmar Jeudi 08 mai 2025Le Conseil de sécurité de l’ONU étend la mission du Soudan du Sud au milieu de l’instabilité croissante Jeudi 08 mai 2025World News in Brief: le Soudan du Sud a demandé à éviter le glissement à la guerre, Türk appelle les mises à jour de l’UE à la loi historique, ukrainienne et Mali Jeudi 08 mai 2025Guterres accueille l’élection du pape Leo «à un moment de grands défis mondiaux» Jeudi 08 mai 2025Unrwa condamne la «priorité» des écoles à Jérusalem-Est Jeudi 08 mai 2025Règles du corps des droits des Nations Unies Le Guatemala a échoué les peuples mayas déplacés Jeudi 08 mai 2025
Lien vers cette page depuis votre site / blog
Ajoutez le code HTML suivant à votre page:
Des engagements à l’action: UE Ocean Leadership on the Line, Inter Press Service, vendredi 09 mai 2025 (publié par Global Issues)
… Pour produire ceci:
Des engagements à l’action: UE Ocean Leadership on the Line, Inter Press Service, vendredi 09 mai 2025 (publié par Global Issues)