L’enseigne de prêt-à-porter Jennyfer – qui compte un millier de salariés – en liquidation judiciaire, idem pour Kaporal, ainsi que Clergerie, la dernière entreprise de chaussures de luxe de Romans-sur-Isère. Voilà les derniers en date d’une trop longue liste d’entreprises de l’habillement ou de la chaussure liquidées depuis le Covid : Pimkie, Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, IKKS, Esprit, Camaïeu, Kookaï, Gap France, les chausseurs André, San Marina, Minelli… et au bout des milliers d’emplois détruits, des centres-villes laminés.
Ce lugubre inventaire toujours en cours relève d’un cocktail de difficultés détonnant, entre les nouveaux comportements de consommateurs depuis la pandémie, l’inflation qui pousse les ménages à effectuer de terribles arbitrages, ainsi que la hausse des prix de l’énergie, des matières premières ou des loyers. Le tout, sous la concurrence de l’« hyper fast fashion », avec Shein ou Temu, géants du commerce en ligne chinois, auxquels il faut désormais ajouter la nouvelle place de marché TikTok Shop, en plus d’Amazon. Au désastre social, ces géants ajoutent le précipice écologique, avec une explosion du transport par avion et des livraisons à domicile.
Le tissu se déchire et le gouvernement regarde les emplois s’effilocher, alors qu’il dispose d’un levier puissant : les marchés publics – près de 60 milliards d’euros chaque année. Ils peuvent être un facteur de relocalisation pour peu que changent les règles européennes, pour permettre un seuil garanti de production sur notre continent. On en est loin. Les députés ont certes voté en mars 2024 des mesures interdisant la publicité pour la vente de vêtements à prix cassés et un « malus » environnemental renforcé. L’UE a bien ouvert une enquête contre Shein au mois de février dernier, l’entreprise étant soupçonnée de fourguer des produits qui ne respectent pas toujours les normes européennes. En France, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics et chargée des douanes, a sorti de sa poche mardi dernier l’idée d’imposer des « frais de gestion » aux 800 millions de petits colis, exonérés de taxe douanière en provenance de Chine chaque année. Toujours pour financer des contrôles de conformité aux normes. Pas pour en tarir le déferlement à la source et préserver les emplois en France.
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