En ces temps de multiplication d’annonces de plans sociaux et de liquidations d’entreprise, la nouvelle est réjouissante. La direction de Lubrizol France a annoncé ce lundi 5 mai renoncer à son plan social qui prévoyait 169 suppressions de postes, une saignée ramenée ensuite à 106 postes après une importante mobilisation des salariés et de leurs syndicats, ainsi que des élus locaux.
« Lubrizol a annoncé aux comités sociaux et économiques (CSE) et aux salariés des sites de Rouen et du Havre qu’elle mettait fin à la procédure de consultation en cours, relative à la réorganisation de leurs activités », écrit dans un communiqué la société qui produit sur trois sites, à Rouen, Oudalle (Seine-Maritime) et Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), des additifs pour l’essence, le diesel ainsi que des lubrifiants moteurs et industriels.
« Sécuriser l’approvisionnement » des clients
En février, Lubrizol, dont le nom résonne à l’oreille du grand public depuis le spectaculaire incendie qui s’était déclaré en septembre 2019 sur son site classé Seveso seuil haut de Rouen/Petit-Quevilly, avait en effet l’intention de délocaliser 10 % de l’activité du site rouennais vers Le Havre (3 %) et vers un site hors d’Europe (7 %).
« Depuis l’annonce de ce projet, le contexte international des chaînes d’approvisionnement a considérablement évolué dans un environnement macroéconomique incertain et avec des pressions accrues sur les coûts et sur la disponibilité des matières premières, ce qui impacte significativement toute l’industrie chimique et ses clients », détaille le communiqué.
Selon Lubrizol, le projet initial de restructuration avait été décidé « dans un contexte de nécessité de sauvegarde de sa compétitivité, à la suite de la baisse de la demande sur le marché européen des additifs qui avait entraîné une baisse des volumes de production de Lubrizol France de plus de 30 % ainsi qu’une importante surcapacité de production » à Rouen et au Havre.
L’entreprise, qui emploie 700 personnes, dit désormais vouloir « sécuriser l’approvisionnement » des clients et travailler « à retrouver un environnement de travail productif ».
« On ne connaît pas l’avenir et les salariés restent inquiets »
« Si c’est une bonne nouvelle, elle est en demi-teinte », pondère auprès de l’AFP Francis Malandain, délégué CFE-CGC. Car « la direction a refusé de s’engager sur l’absence de PSE (plan de sauvegarde de l’emploi, N.D.L.R.) pour les trois années à venir ». « On ne connaît pas l’avenir et les salariés restent inquiets. Certains avaient déjà quitté Lubrizol dans leur tête », explique le responsable syndical.
Selon les parlementaires communistes de Seine-Maritime Édouard Bénard, Céline Brulin et Jean-Paul Lecoq, « selon le propos de la direction de Lubrizol France, ce revirement est à mettre au crédit du dialogue mené avec les représentants des salariés, qui a fait émerger des solutions alternatives permettant de préserver les emplois et non pas à celui du Gouvernement qui n’aurait exercé aucune pression sur le groupe industriel. Les exigences des syndicats des salariés, et les alternatives qu’ils ont travaillées pour permettre le maintien des emplois en France ont donc permis d’éviter le pire. »
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