Tracteurs alignés, tee-shirts aux couleurs syndicales, casquettes rouges sur les têtes et drapeaux flottants au vent : environ 200 agriculteurs de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) se sont donné rendez-vous, lundi 26 mai, dès 8 heures, devant l’Assemblée nationale. Leur objectif : pousser les députés à adopter la proposition de loi Duplomb.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, est venu galvaniser ses troupes et interpeller les députés. « On risque de se faire laminer par nos compétiteurs européens. On ne menace pas les députés. On veut se faire entendre, scande-t-il face à l’Assemblée. Les amendements, in fine, laissent le texte en l’air, sans solution pour les agriculteurs. »
À ses côtés, Quentin Le Guillous, secrétaire général adjoint des JA, en appelle directement aux élus : « Cela fait un an et demi qu’on attend cette loi, trois mois qu’on nous la repousse. C’est aujourd’hui qu’il faut agir ! »
Parmi les soutiens les plus fervents à la loi, les professionnels de la filière betteravière défendent le retour de l’acétamipride, un néonicotinoïde nocif. « Il est homologué jusqu’en 2033 en Europe, cela montre bien qu’il a passé tous les tests », argue Franck Sander, président des betteraviers français et vice-président de la FNSEA. Il assure que le syndicat restera mobilisé « au moins jusqu’à mercredi ».
Deux visions de l’agriculture s’affrontent
Le rassemblement, hautement politique, a vu défiler de nombreux élus RN et LR – dont Laurent Wauquiez –, mais aussi le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, venue défendre un texte censé « enlever les boulets pesant sur les agriculteurs ».
Des voix dissonantes tentent tout de même de se faire entendre, à l’image de Gabriel Bertein, maire (sans étiquette) de Rivière, village du Pas-de-Calais. « Cette loi participe à la destruction des sols avec le retour des néonicotinoïdes. Or, le sol, c’est le capital travail des agriculteurs. Si elle est votée, ce sera très mauvais pour l’image de la France », fustige l’élu. Pour l’occasion, il brandit une pancarte où l’on peut lire : « Dans les champs, j’veux pas d’agro-industrie chimique, d’eau polluée et de cancers suicides. » Un message qui lui vaut d’être chahuté par des membres de la FNSEA exigeant son départ. L’un d’eux lâche : « Je ne t’apprends pas à faire ton métier de maire, alors fais de même pour nous. »
Non loin de là, d’autres opposants s’expriment. Jean-Michel Sauvage, agriculteur et adhérent à la Confédération paysanne, débat avec un membre des Jeunes agriculteurs. « À l’école, on nous a appris une agriculture respectueuse du vivant. Il faut revenir au b.a.-ba », affirme-t-il, rappelant que des alternatives aux pesticides fonctionnent. « Quand on est malade, on prend un Doliprane. C’est pareil pour nous avec nos plantes », lui répond Étienne, paysan dans la Marne et syndiqué JA.
Face à cette mobilisation, les opposants à la loi vont eux aussi faire entendre leur voix. Le collectif Nourrir a annoncé un rassemblement mardi 27 mai devant l’Assemblée aux côtés de scientifiques et de paysans.
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