Les panneaux ont été installés partout en Savoie et Haute-Savoie, comme un clin d’œil aux vagues de mobilisation de ces deux dernières années. « Les pesticides, on n’en veut pas. C’est plus clair comme ça », pouvait-on lire ce week-end sur 70 panneaux retournés à l’entrée des villes. Confectionné par la Confédération paysanne, le slogan houspille la proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur, rédigée par le sénateur LR Laurent Duplomb.
Privé de débat à la fin du mois de mai à l’Assemblée nationale, le texte sera examiné ce lundi 30 juin en commission mixte paritaire, et pourrait bien être adopté par ce regroupement de sept députés et sept sénateurs. Un risque majeur, estime le syndicat paysan, qui appelle massivement à la mobilisation pour bloquer l’achèvement d’un tel projet.
« Ce que tu mets dans nos champs tue nos enfants »
« Cette loi est plus qu’écocidaire, elle instaure des mesures qui bousillent l’environnement, notre santé et notre outil de travail. Il faut arrêter de dire que le monde agricole défend une telle loi, elle ne va profiter qu’à une poignée de personnes et est loin, très loin de faire l’unanimité », dénonce Thomas Gibert, porte-parole de la Confédération paysanne.
Partout sur le territoire et tout au long de ce week-end précédant l’examen – peut être final – de la proposition de loi, le syndicat, aux côtés de nombreuses ONG et organisations de défense de l’environnement, a mis sur pied manifestations, banquets paysans et initiatives en tout genre pour mettre en lumière la forte opposition contre le texte. À Tours, La Rochelle ou Nancy, des rassemblements ont ainsi eu lieu, avec pour point commun ce slogan brandi sur des pancartes : « Ce que tu mets dans nos champs tue nos enfants ».
La loi Duplomb, loin de réellement viser à faciliter le travail des producteurs et productrices, prévoit en fait le détricotage des normes environnementales. Elle prévoit ainsi la réintroduction des néonicotinoïdes, pesticides interdits en France depuis 2018 et réputés représenter une véritable menace contre la biodiversité, notamment les pollinisateurs. S’il était adopté en l’état, le texte permettrait aussi la multiplication des mégabassines et la facilitation de l’agrandissement de certaines structures ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement), comme les bâtiments de production animale industrielle.
« La loi prévoit de relever certains seuils pour les bâtiments d’élevages alors qu’ils sont aujourd’hui déjà énormes, ils sont fixés à 800 bovins par structure. Dans le Limousin, qui est pourtant une zone importante d’élevage bovin, seules trois à cinq installations dépassent ce seuil. On voit bien que le réel objectif de cette proposition de loi est l’avènement d’un nouveau modèle agricole fait de fermes immenses qui s’accaparent le foncier, les ressources et les aides publiques », réagit Thomas Gibert.
Le point d’orgue de la contestation est prévu devant le Sénat, à Paris, ce lundi 30 juin, à 11 heures, alors que se déroulera la commission mixte paritaire. De quoi mettre, espèrent les organisateurs, la pression sur les élus qui auront à débattre du texte.
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