MaPrimeRénov’ serait-elle victime de son succès ? Le dispositif d’aides à la rénovation énergétique sera suspendu à compter de juillet, et ce, au moins jusqu’à la fin de l’année, a confirmé le ministère de l’Économie et des Finances ce mercredi 4 juin. En clair, plus aucun dossier de demande de subvention ne pourrait être déposé à partir de cet été.
Le ministre de l’Économie, Eric Lombard a confirmé mercredi lors des questions au gouvernement au Sénat, la suspension du dispositif d’aides à la rénovation énergétique « en raison de nombreuses demandes et fraudes », mais a dit ensuite devant la commission des Affaires économiques du Sénat, que le gouvernement avait « bien l’intention de rétablir le fonctionnement [du dispositif] avant la fin de l’année ».
Un « signal d’instabilité envoyé aux ménages »
En 2024, ce dispositif phare de la transition écologique, qui permet d’aider les ménages les plus modestes à financer la rénovation énergétique de leur logement, avait financé 340 800 dossiers de rénovation (dont 91 000 d’ampleur) pour un montant de 3,3 milliards d’euros. Mais, alors que les demandes explosent, le gouvernement a coupé 2 milliards d’euros l’année dernière par rapport aux annonces initiales, faisant chuter l’enveloppe de 4,5 milliards d’euros à 2,3.
Une tendance confirmée en 2025, avec un budget reconduit au même niveau, largement insuffisant pour répondre aux objectifs affichés par le gouvernement. Conséquence : au début du mois de juin, tout le budget de MaPrimeRénov’ a déjà été utilisé pour les chantiers en cours.
« La décision brutale de suspendre le dispositif compromet la dynamique de la rénovation énergétique dans notre pays », a réagi Stéphane Troussel, président de l’agence nationale pour l’information sur le logement (Anil) qui estime qu’il s’agit d’un « signal d’instabilité envoyé aux ménages comme aux professionnels du secteur, alors même que la transition écologique exige au contraire clarté, cohérence et continuité ».
Des conséquences économiques, climatiques et de santé publique
Pour Jacques Baudrier, adjoint au logement à la mairie de Paris, « il faudrait au moins deux milliards d’euros de plus. Structurellement, à terme, c’est de 10 milliards d’euros dont devrait disposer l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Et la seule façon de s’en sortir, c’est de trouver d’autres recettes qui viennent abonder son budget. » L’élu communiste entend soumettre une série de pistes au ministère du Logement.
Parmi elles : doubler les droits de mutation – l’impôt prélevé sur le prix de vente – pour les résidences secondaires, ce qui se fait déjà dans de nombreux pays d’Europe. À cela pourraient s’ajouter des droits de mutation additionnels pour tous les biens vendus à plus de 10 000 euros le mètre carré, ou encore une taxe de séjour sur les hôtels quatre et cinq étoiles.
Selon Jacques Baudrier, il est impératif que le gouvernement ouvre la concertation afin que des propositions pour trouver des recettes soient étudiées. Car au-delà de l’aspect économie d’énergie, l’enjeu est aussi de santé publique. En août 2003, environ 15 000 décès ont été à déplorer du fait de la canicule. Canicules dont le réchauffement climatique ne nous épargnera plus. Or, rénover un logement, c’est faire baisser la température de sept à huit degrés en plein été.
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