Pourquoi avoir déposé cette proposition de loi ?
Paul-André Columbus
Député Liot de Corse-du-Sud et auteur de la proposition de loi visant à lutter contre la mortalité infantile
Tout d’abord parce que l’urgence est de taille. Dans notre pays, depuis 2020, le taux de mortalité infantile n’a cessé de croître pour atteindre aujourd’hui 4,1 décès pour 1 000 naissances, soit un décès pour 250 naissances. Le livre-enquête 4,1. Le scandale des accouchements en France1 a joué un rôle dans la prise de conscience et dans l’élaboration de ce texte. Il fallait une réponse face à ce terrible constat et aux raisons révélées, notamment sur les conséquences de la distance.
Ensuite, il y a la situation dans ma circonscription : chez moi, nous avons eu à subir une fermeture de maternité qui faisait plus de 250 accouchements par an. Avec pour conséquence de renvoyer les femmes à plus de deux heures d’un établissement. Inévitablement, la population est descendue dans la rue, jugeant cette fermeture injuste, violente, mais aussi paradoxale. En effet, l’argument de la sécurité était brandi par les autorités alors que cette décision allait rendre plus difficile la possibilité d’accoucher près de chez soi…
Les petites maternités présentent cependant de plus en plus de difficultés pour fonctionner…
Bien sûr. Et il ne s’agit pas de les nier, bien au contraire. Dans les vingt-trois maternités qui font moins de 300 accouchements par an en France, il existe des cas où il est plus dangereux de maintenir l’établissement ouvert, notamment parce que le personnel n’est pas assez entraîné pour être performant, mais aussi parce que les équipes sont trop instables.
Seulement, je veux que nous soyons pragmatiques : sortons des dogmes entre partisans des petites ou grandes structures et allons voir sur le terrain ce qu’il en est pour déterminer si fermer est, localement, la bonne décision. Et si c’est le cas, très bien, mais débloquons des moyens pour permettre aux femmes d’aller accoucher en toute sécurité où c’est possible.
Votre texte entend également mettre en place un registre national des naissances. En quoi cela est-il indispensable ?
Avec un tel registre, qui réunirait un ensemble de données socio-économiques, médicales, démographiques, nous pourrions identifier précisément les causes de la mortalité infantile en France et ainsi agir en fonction des maux identifiés. En Europe, certains de nos voisins en sont dotés, comme la Suède ou la Finlande. C’est loin d’être un hasard s’ils font partie des meilleurs élèves européens…
Chez nous, pourtant, les données existent, il ne manque plus qu’à les chaîner dans un seul registre pour que nous puissions enfin avoir une vision d’ensemble de la situation. Cela fait plusieurs années que les professionnels du secteur le demandent, mais je ne jette pas non plus la pierre aux neuf ministres de la Santé d’Emmanuel Macron. Quand on est en poste six mois avant d’être débarqués, il est difficile d’agir véritablement.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
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