L’accident est l’un des plus meurtriers survenu depuis l’explosion en 2018 des traversées clandestines de la Manche. Dans la nuit du 11 au 12 août 2023, sept migrants afghans perdent la vie après le naufrage de leur embarcation en haute mer. Ce lundi 4 novembre, neuf personnes sont jugées devant le tribunal correctionnel de Paris pour leur responsabilité dans ce drame. Ils sont soupçonnés de faire partie d’un réseau de passeurs.
Parmi eux, deux Irakiens, six Afghans et un Soudanais qui seront jugés notamment pour homicide involontaire, mise en danger d’autrui, aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier ainsi qu’association de malfaiteurs. Un dixième prévenu, soudanais, mineur au moment des faits, est lui renvoyé devant un tribunal pour enfants. Le procès doit durer jusqu’au 18 novembre.
« Un système organisé et structuré »
Le 12 août 2023 à 2 heures du matin, un « small boat » surchargé, est mis à l’eau sur une plage de Calais avec 65 personnes à bord. En haute mer, une avarie de moteur survient vers 4 heures et l’embarcation de fortune éjecte les passagers dépourvus de gilets de sauvetage : six corps sont repêchés, un autre sera retrouvé plus tard sur une plage des Pays-Bas, tandis que les autres naufragés survivants sont pris en charge par les secours.
À la suite de ce drame, une enquête met au jour « un système organisé et structuré sur les territoires français et allemand proposant à des migrants en situation irrégulière de tenter de se rendre en Angleterre », dévoile l’ordonnance de renvoi des deux juges chargées de l’instruction.
Selon cette même ordonnance, les enquêteurs ont découvert un réseau « dirigé par la communauté irako-kurde » avec deux branches : la première, avec l’Allemagne pour base arrière, s’occupait de l’aspect logistique, tandis qu’une « filière afghane » était chargée du recrutement des « candidats au passage ».
Des organisations qui « reposent sur un modèle extrêmement flexible, fonctionnant sur la base de réseaux sociaux, familiaux et claniques » qui vont jusqu’à « l’exercice de violences y compris avec arme et de menaces » pour faire prospérer une « activité de trafic s’avérant particulièrement lucrative », précise le document. Selon les témoignages des rescapés, les traversées coûteraient entre 1 300 et 1 500 euros par personne.
Quant aux deux Soudanais présumés pilotes du bateau, ce qu’ils nient, « leur rôle au sein de l’organisation de la filière d’immigration illégale doit être distingué du rôle central des passeurs », ont estimé les magistrats. Le procès aura donc pour but de déterminer les responsabilités individuelles de chacun dans ce drame mais aussi d’éclaircir les mécanismes des réseaux de passeurs à l’œuvre derrière des traversées périlleuses et souvent mortelles.
Fin juin, neuf passeurs avaient été condamnés à Lille à des peines de sept et huit ans d’emprisonnement pour un naufrage dans la Manche qui avait coûté la vie à huit migrants en décembre 2022.
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