Attendue ce vendredi 30 mai au Fise de Montpellier, Marie Barsacq, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative du gouvernement Bayrou, répond à Midi Libre sur les grands axes de sa politique. Malgré une baisse des financements, elle entend lever des freins pour développer les installations et favoriser davantage la pratique sportive, des jeunes et des femmes notamment.
Les sports urbains sont-ils assez développés en France ?
Il y a du potentiel et c’est tout le sens de ma présence, ce vendredi, au Fise, qui est déjà le plus grand festival de sport urbain au monde avec plus de 300 000 spectateurs attendus ce week-end à Montpellier. Pourtant on a encore besoin de faire grandir la visibilité de ces disciplines, d’en faciliter l’accès et de créer des ponts pour ceux qui ont envie d’avoir une pratique en club et en compétition. On a vu avec les JO de Paris que ces sports ont déjà commencé à se structurer.
Le développement d’Installations type skateparks dans des quartiers périphériques est un des leviers pour leur redonner une vie sociale ?
Il s’agit en effet d’un axe stratégique des plans “5000 équipements” de l’Agence nationale du sport, qui soutiennent le développement d’équipements de proximité. Ces plans ont été lancés à partir de 2022 et ont déjà fait sortir de terre 8000 équipements, dont de nombreux skateparks. Ces projets, soutenus par l’État, ont été portés par des collectivités qui souhaitaient attirer de jeunes publics en accès libre et lutter ainsi contre la sédentarité.
Vous étiez notamment en charge de l’héritage des JO au sein de l’organisation de Paris-2024. Qu’est-ce qui est déjà concret dix mois après les Jeux ?
Le premier héritage, ça a été l’engouement sur les pratiques sportives dès la rentrée. + 24 % de licenciés au tennis de table, + 21 % sur le handisport… Certains clubs de basket et de hand ont même dû refuser du monde. Pour que cette pratique s’installe dans la durée, on a besoin d’équipements sportifs. Nous avons la volonté, avec Elisabeth Borne, d’ouvrir les équipements scolaires aux associations pour en faire profiter le plus grand nombre.
L’ombre au tableau c’est cette baisse des moyens alloués au budget des sports et qui est critiquée par les athlètes eux-mêmes. C’est un pas en arrière ?
Tous les ministères sont concernés par des enjeux budgétaires très forts et nous devons penser le budget 2026, avec tous les acteurs, pour répondre aux besoins de développement du sport. Il faut être au rendez-vous.
Avec des moyens équivalents en 2026 ?
C’est trop tôt pour le dire. Les discussions au sein du Gouvernement entre Bercy et le ministère vont commencer.
Le CNOSF vient de déplorer une coupe de 75 % en plein exercice dans sa subvention. Comment l’expliquez-vous ?
Nous avons un échange en cours avec le CNOSF. Cela fait suite aux annonces, fin avril, d’une annulation des crédits qui étaient mis en réserve dans tous les ministères et un nouveau gel de crédits pour effectuer de nouvelles réserves. Nous échangeons avec David Lappartient sur la contribution du CNOSF à cet effort. La discussion n’est pas terminée. Nous essayons de trouver le bon équilibre.

120 millions d’économies en 2025 sur le dos du sport, n’est-ce pas des économies de bout de chandelles par rapport au budget de l’État alors que la pratique sportive est un enjeu de santé publique ?
Vous avez raison car, selon une étude de Cosmos, quand on investit 1 € dans le sport, on réduit de 13 € la dépense publique de santé. La prévention par le sport marche alors qu’aujourd’hui le coût de la sédentarité est estimé à 140 milliards d’€ par an en France. Le mouvement sportif est partie prenante dans cette réflexion. Nous devons continuer à développer l’accès à la pratique chez les jeunes mais aussi chez les femmes qui ont encore trop de contraintes dans leurs vies personnelles selon les études. Il faut qu’on lève ces contraintes. Nous voulons aussi faire comprendre aux entreprises qu’elles ont un rôle à jouer pour offrir une pratique sportive aux pauses méridiennes par exemple.
“Ceux qui franchissent la limite, les hooligans, il faut les exclure”
Les violences dans et autour des stades de football, pro et amateur, restent préoccupantes. Qu’est-ce qui se met en place ?
C’est un sujet de préoccupation que nous partageons avec la FFF, la Ligue de football professionnel et les présidents de clubs. Il faut la mobilisation de tous et nous avons enclenché plusieurs choses. La première c’est un projet de convention qui va être signé prochainement avec les ministères des Sports, de la Justice et de l’Intérieur et la Ligue de football professionnel pour mieux identifier les responsabilités de chacun lors de l’organisation des matches afin de prévenir toute forme de violence avant, pendant et après la rencontre. On constate parfois que la justice est souvent empêchée de prononcer des sanctions car elle n’a pas de document de qualité pour cela. C’est la responsabilité de chacun, du club, des groupes de supporters, de la Ligue, des préfets, des forces de l’ordre de mieux documenter pour identifier les auteurs de ces délits. Il faut des éléments suffisants, la qualification des actes, etc. Le but est aussi de donner des moyens. Nous avons, avec Bruno Retailleau, rappelé aux préfets tous les outils à leur disposition. Ils peuvent notamment déployer des policiers en civil dans les tribunes. J’ai aussi réuni deux fois l’instance nationale du supportérisme et mis en place des groupes de travail pour mieux accueillir le public dans les stades et le féminiser davantage.
Faut-il plus de dissolutions de clubs de supporters ?
C’est une des dispositions à la main du ministère de l’intérieur mais pour moi c’est quand même la mesure ultime. Nous voulons, avec Bruno Retailleau, aller vers des sanctions individuelles qui nous paraissent plus pertinentes car ce sont souvent des actes isolés qui viennent gâcher la fête. L’ambiance mise par les groupes ultras fait aussi le charme de nos stades de l1 et L2. Ceux qui franchissent la limite, les hooligans, il faut les exclure.
Signature d’une convention à Montpellier
Dans le cadre du Fise, Marie Barsacq participera ce vendredi 30 mai à l’Urban sport summit à Montpellier. Elle signera ensuite une convention avec l’association Territoires d’événements sportifs, née dans la foulée de la Coupe du monde de rugby en France
“L’objectif de cet organisme, explique la ministre, est de centraliser les infos et de partager un outil commun pour les candidatures aux grands événements sportifs et mieux travailler ensemble. Cette association mobilise les territoires, villes, départements, régions.”
La lutte contre les violences sexuelles dans le sport a été intensifiée ces dernières années. Où en êtes-vous ?
Suite à de nombreux témoignages comme celui de Sarah Abitbol, le monde sportif a pris conscience de ce sujet. Le ministère a créé un dispositif qui s’appelle Signal-sports et qui marche très bien. La quantité de signalements grandit chaque année car on libère la parole ce qui est une bonne chose. Avec le ministère de la Justice, nous contrôlons aussi davantage l’honorabilité des éducateurs et des bénévoles dans les clubs.
Quelles sont vos autres priorités ?
Le développement du sport féminin de haut niveau pour donner envie aux jeunes filles de pratiquer. À l’adolescence, elles pratiquent deux fois moins que les garçons et ces chiffres doivent changer.
Porterez-vous le maillot du PSG, samedi, pour la finale de la LIgue des champions ?
J’ai eu la chance d’aller voir le PSG jouer notamment contre Arsenal en demi-finale. Je serai évidemment supportrice du club et présente à Munich samedi. Il faut se réjouir et être fiers d’avoir une équipe à ce niveau de la compétition. C’est historique pour le football français qui a bien besoin de montrer qu’il est performant pour améliorer sa visibilité.