Mathilde Panot, député français, et Manon Aubry, MEP (LFI), se sont filmés en transportant des pilules d’avortement en Pologne, un pays où l’interruption volontaire de la grossesse est gravement restreinte. Un acte militant qui n’est pas sans risques légaux.
Médicaments sous surveillance étroite
Au cœur de cette affaire se trouvent deux drogues strictement réglementées: la mifépristone (Mifegyne®) et le misoprostol (Gymiso®, Misoone®). Ensemble, ces substances peuvent être utilisées pour induire une interruption médicale de la grossesse en fonction d’un protocole précis. Entièrement remboursé par l’assurance Maladie, leur distribution est soumise à une traçabilité rigoureuse.
Les deux députés s’exposent à une multitude d’infractions
Le transport d’environ 300 pilules d’avortement en Pologne pourrait constituer plusieurs infractions graves: en France:
Pratique illégale de pharmacie (2 ans d’emprisonnement, 30 000 € amende) Fraude potentielle Fraude à l’assurance maladie Exportation illégale de médicaments sans autorisation ANSM
Au niveau européen:
Violation des directives sur le transport transfrontalier des médicaments non-respect des règles sur la distribution des médicaments sur ordonnance
Pologne:
Aide à l’avortement illégal (jusqu’à 3 ans d’emprisonnement) importation illégale de médicaments non autorisés
Législation polonaise drastique
En Pologne, l’avortement n’est autorisé que dans trois cas hautement restrictifs: danger pour la vie de la mère, la grossesse résultant d’un viol ou d’inceste, et jusqu’en 2020, de graves malformations du fœtus. Un précédent existe: en 2022, le militaire de l’activiste Justyna Wydrzyńska a été condamné à huit mois de service communautaire pour fournir des pilules d’avortement.
La question de l’immunité parlementaire
Alors que Mathilde Panot et Manon Aubry bénéficient d’une immunité parlementaire, cela pourrait être levé à la demande des autorités polonaises ou françaises. En effet, leur action pourrait être considérée comme un acte personnel, non couvert par leur mandat.
Risques de santé importants
Au-delà des aspects juridiques, cette distribution sans supervision médicale soulève des problèmes de santé majeurs. Ces médicaments puissants, utilisés en dehors du cadre médical, exposent les femmes polonaises aux risques de surdose, d’allergies et d’effet secondaires graves.
Remarque: Nous n’avons pas pu contacter Mathilde Panot et Manon Aubry. Mais nous serons heureux de leur donner le sol dès qu’ils le souhaiteraient.
🟣 En route avec @MathildePanot vers Varsovie depuis Berlin avec dans notre coffre des centaines de pilules abortives qui permettront à des polonaises d’avorter.
Alors que l’extrême-droite s’attaque à nos droits et la Pologne interdit l’avortement, nous organisons la riposte &… pic.twitter.com/iPnXWC6i9J
– Manon Aubry (livre @manononon) 29 avril 2025
🟣 Des féministes menacées parce qu’elles défendent le droit à l’avortement.
Bienvenue en Pologne où des photos des militantes d’@aborcyjnydream sont exposées sur des camions géants pour leur mettre une cible sur le dos. Quand elles ne sont pas attaquées à l’acide.
Notre devoir… pic.twitter.com/7mYV5MbwU9
– Manon Aubry (livre @Manons) 3 mai 2025
Beaucoup d’émotion : les pilules sont arrivées à destination en Pologne 💜
Après des heures de van pour rejoindre Varsovie, Mathilde Panot et Manon Aubry , avec le soutien du @leplanning, remettent à Justyna Wydrzyńska, Natalia Broniarczyk et leur collectif polonais… pic.twitter.com/mfcMuJZzi0
– Mathilde Panot (@mathildepanot) 29 avril 2025