La droite subit-elle un « grand remplacement » par le RN chez les seniors ? Entre 2022 et 2024, la part des électeurs de plus de 65 ans votant pour le RN aux législatives est passée de 12 % à 26 %. Sur cet électorat, le parti d’extrême droite a vu ses scores passer de 6 % à la présidentielle de 2007 à 18 % pour celle de 2022, pour enfin atteindre les 26 % lors des élections législatives de 2024. Mais pour quelles raisons ?
Selon Stéphane Fournier, doctorant en science politique et analyste au sein de l’institut Cluster17, « cette progression s’inscrit dans une recomposition de l’électorat de droite. Les seniors, longtemps fidèles aux partis de gouvernement tels que “Les Républicains”, semblent se tourner vers le RN, qui capitalise sur la décomposition du paysage politique traditionnel ».
Dans une étude menée pour la Fondation Jean-Jaurès et publiée ce mercredi 23 avril, le chercheur souligne que les seniors concernés s’inscrivent dans un « continuum sociopolitique de droite ». « Ils ne se radicalisent pas, mais suivent une offre politique qui met l’accent sur les thèmes identitaires (immigration, sécurité, islam), devenus centraux dans le débat public », alors que les seniors sont « globalement plus conservateurs que la moyenne des Français sur les sujets culturels ».
Des conservateurs dont le premier vote a souvent été pour Giscard d’Estaing
Bien sûr, les seniors ne sont pas les seuls concernés par la montée du vote RN. Mais ils constituent, pour Stéphane Fournier, une importante « nouvelle conquête du Rassemblement national ». Grâce à un fort rejet d’Emmanuel Macron sur cette tranche d’âge et à un créneau laissé vacant « dans l’espace des “droites” », le RN a, selon l’analyste, su capter un profil de senior bien particulier : des conservateurs dont le premier vote a souvent été pour Valéry Giscard d’Estaing en 1974 ou 1981, ayant voté longtemps à droite, mais jamais pour Jean-Marie Le Pen.
Un électorat qui échappe notamment à la Macronie. C’est ce que confirme Georges, 71 ans, ancien