Encore une affaire que le Rassemblement national (RN) aurait aimé laisser sous le tapis. Le média d’investigation local Marsactu dévoile, mercredi 7 mai, que le parquet de Marseille a ouvert une enquête pour détournements de biens publics contre Franck Allisio, député de la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône, président du groupe RN à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) et conseiller des deux têtes du parti d’extrême droite, Marine Le Pen et Jordan Bardella.
La région Paca a déclenché, le 22 novembre dernier, une enquête interne à l’encontre de Franck Allisio. Marsactu avait alors révélé les premiers éléments sur la possible gestion illégale des moyens du groupe RN par son patron, entre l’utilisation de véhicules de service mis à disposition par la collectivité pour des déplacements purement militants et l’attribution de missions en lien avec son rôle de député à des collaborateurs employés par la région. Une fois ce dossier rendu, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a jugé opportun de signaler l’affaire au procureur de la République.
« Une erreur administrative »
« L’article 40 du code de procédure pénale impose à toute autorité de dénoncer à la justice des délits dont elle aurait connaissance, rappelle Marsactu. C’est sur la base de ce signalement que le procureur a ouvert son enquête. » Suite à son élection, en 2022, à son siège de député, Franck Allisio avait omis de déclarer auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) que deux de ses collaborateurs parlementaires étaient également employés par la région. « Le député a invoqué « une erreur administrative » et affirmé avoir demandé une rectification », ajoute le média basé à Marseille.
Si l’élu d’extrême droite a bien régularisé la situation de ses deux collaborateurs, le laps de temps qui a séparé le signalement de la correction a été l’occasion, selon les informations de Marsactu, de profiter de ce flou. « Ce cumul pour une même personne de l’emploi de collaborateur parlementaire et de groupe au conseil régional soulevait aussi une question juridique. Il était autorisé auparavant par la région, qui l’a ensuite interdit à compter de 2023, résume Marsactu. Entretemps, la chambre régionale des comptes (CRC) a rendu un rapport confirmant l’interdiction de cumul de ces deux activités régie par un décret de 2020 soumis à l’interprétation des collectivités. » Or, le Rassemblement national a poursuivi dans l’illégalité, pendant cette période.
De même, selon les informations de Marsactu, « ces collaborateurs employés par le conseil régional ont réalisé plusieurs missions au profit de Franck Allisio le député, et non le président du groupe RN ». Par exemple pour l’organisation des vœux du député d’extrême droite à Marignane, depuis son bureau au siège de la collectivité, à Marseille. Un de ces deux collaborateurs s’occupe, depuis l’éclatement de l’affaire, de son activité à l’Assemblée nationale et l’autre de son activité de président du groupe Rassemblement national à la région.
Seulement, Franck Allisio est aussi accusé d’avoir profité de deux véhicules mis à disposition par la région dans le cadre de son mandat. Des voitures dont l’usage est « limité aux missions confiées à l’agent dans le cadre de l’exercice de ses fonctions régionales », rappelle la collectivité.
« Marsactu a cependant repéré ces véhicules à proximité de plusieurs événements politiques du Rassemblement national. Notamment lors de tractages ou de réunions dans le cadre de la campagne pour les élections européennes de 2024 et de celle pour les législatives anticipées qui ont suivi », rappelle le média d’investigation. Un nouveau rappel – comme l’a déjà illustré le procès pour détournements de fonds publics au sein du Parlement européen par le Front national (FN) – que le RN n’est pas trop sourcilleux sur les règles quand il s’agit de son financement et de ses ambitions.
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