La commission d’enquête sénatoriale sur les eaux en bouteille, dont les conclusions ont été dévoilées ce lundi 19 mai, était présidée par le sénateur Les Républicains du Gard Laurent Burgoa.
Quel est le principal message que vous entendiez faire passer en présentant ce rapport ?
Faire comprendre, et faire prendre à l’État ses responsabilités. Car, dans la mesure où l’État n’a jamais défini une norme en matière de microfiltration, on est un peu dans le flou. Ce que j’attends de l’État responsable, c’est que le gouvernement actuel saisisse rapidement l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), pour qu’elle préconise une norme irréprochable.
“Des menaces à l’emploi”
Cette règle sera applicable par tous et pour tous. Ça permettra aux représentants locaux de l’État, les préfets, les ARS, de travailler, avec une norme, en toute transparence, et d’être dans la clarté par rapport aux industriels.
Vous montrez que les services de l’État ont contribué à édulcorer un rapport qui mettait en évidence des contaminations…
Oui, sous pression de l’industriel qui fait toujours des menaces à l‘emploi. Des éléments que nous avons eus en dernière minute le démontrent, malheureusement.
C’est vrai qu’au niveau des ministères, on est attentif à l’emploi, mais il fallait là aussi travailler dans la transparence. Il est regrettable que ces industriels essayent de masquer la réalité. Pour les consommateurs, nos concitoyens, il faut tout dire, pour tranquilliser. Même si on sait que dans ce dossier-là, il n’y a pas eu de contamination sanitaire avérée, c’est important aussi de le souligner.
L’État n’aurait pas dû céder à ce chantage à l’emploi ?
Oui, ce n’est pas normal. Mais les récentes décisions du préfet du Gard montrent que l’État a pris ses responsabilités.
Voter la loi et de contrôler l’activité du gouvernement
Interdire le système de microfiltration à 0,2 micron, et dire qu’il donnait quelques mois aux minéraliers pour se mettre en conformité, c’est une décision sage et responsable. Qui donne un cadre dans lequel il faut qu’on travaille tous, sans tomber dans la démagogie. Pour permettre à la marque Perrier, et aux salariés, de poursuivre leur activité. Ceci est le plus important. Mais on ne peut pas fermer les yeux sur certains faits.
Le sénateur du Gard que vous êtes reste inquiet pour l’emploi ?
On l’est toujours lorsqu’on est parlementaire ou élu local. Et les salariés de Perrier sont les victimes de cette affaire. Mais il faut que l’industriel joue en toute transparence. Et quand il y aura une règle, prochainement, l’industriel devra se mettre en conformité.
Vous avez souligné l’importance de ce type de commissions…
Quand on est parlementaire, on a deux missions : voter la loi et de contrôler l’activité du gouvernement. Les commissions d’enquête font partie de ce deuxième point, contrôler l’activité du gouvernement. C’est ce que nous avons fait.