En pleine purge austéritaire, voilà de quoi remettre une bonne louche d’huile sur le feu. De fait, les oreilles de Carlos Tavares ont probablement une nouvelle fois sifflé lors de l’assemblée générale de Stellantis, ce mardi 15 avril, où la politique de rémunération au sein du groupe a été au cœur des discussions entre les actionnaires.
Le patron déchu, poussé vers la sortie en décembre 2024 un an avant la fin de son mandat, notamment en raison de la chute de 70 % des bénéfices du groupe, mais en empochant un magot de 23,1 millions d’euros de revenus, avait suscité un émoi unanime – jusqu’au rang des macronistes, c’est dire ! S’ajoute une indemnité de départ de 2 millions d’euros ainsi qu’un bonus de 10 millions d’euros, soit un pactole vertigineux représentant 350 fois le salaire moyen des 259 000 salariés à travers le monde au sein du groupe du géant de l’automobile (65 993 euros).
Fermetures d’usine et plans de licenciement
Si la teneur des échanges n’a pour l’heure pas fuité, aucune révolution ne risque cependant d’advenir de cette résolution dont la valeur est uniquement consultative. Les actionnaires avaient contesté cette politique de rémunération à 52 % en 2022, 48 % en 2023, et 30 % en 2024, sans que cela n’influe sur les versements prévus par le conseil d’administration.
Côté syndical, rien n’est de toute façon attendu, à l’issue de ce grand raout entre gens de bonne compagnie, tant l’événement paraît déconnecté de leur réalité quotidienne. « Ils vont faire leur petite tambouille et ils vont se partager le gâteau comme ils l’ont toujours fait, point barre », tranche Jean-Pierre Mercier, délégué syndical Sud, sur le site de Stellantis Poissy. À ses yeux, ces discussions n’empêcheront en rien la poursuite des « attaques contre l’ensemble des travailleurs, dans un contexte de guerre économique mondiale, où chacun tente d’arracher des parts de marché ».
Avec son lot de ravages : « fermetures d’usines », « plans de licenciements », « liquidation de sous-traitants et de fournisseurs », énumère Jean-Pierre Mercier. Dans la matinée de mardi, il était encore sur le terrain, à Poissy (Yvelines), en soutien aux 120 salariés du site, qui ont débrayé pour dénoncer la fermeture programmée de leur usine et exiger des garanties « pour qu’aucun d’entre eux ne se retrouve sur le carreau, après la fin de la fabrication de la dernière Opel Mokka prévue dans 18 mois ».
« On voit bien où l’argent part »
Même diagnostic pour Fabrice Jamart, délégué syndical central CGT, qui confronte les 34 millions d’euros empochés par Tavares après son départ forcé aux dérisoires augmentations générales de 1,3 % concédées cette année aux salariés du groupe, dont la participation à l’intéressement a été par ailleurs nulle, selon le syndicaliste, intarissable sur les enseignements à tirer de ce télescopage des chiffres.
« Ils ont lâché une prime globale équivalant, pour l’ensemble des 40 000 salariés du groupe en France, à 60 millions d’euros, quand Tavares encaisse 34 millions d’euros à lui seul. On voit bien où l’argent part », pointe-t-il encore, refusant de croire aux difficultés financières mises en avant par la direction : « Les dirigeants de Stellantis font croire qu’ils sont en difficulté, mais quand une entreprise fait un milliard de bénéfices tous les deux mois, elle est loin d’être sur la paille. » En tout cas pas au point de priver John Elkann, président du conseil d’administration de Stellantis et dirigeant par intérim, de sa rémunération de 2,8 millions d’euros, en 2024.
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