« L’intérêt de cette plainte est d’interroger un maximum de personnes, pour permettre de comprendre comment cela s’est passé. » Ce mercredi 18 juin, Me Alice Becker se trouvait aux côtés d’un collectif de parents d’élèves, réuni avec la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), le syndicat Sud-Education et la FCPE, pour dénoncer les violences policières lors des mobilisations lycéennes.
La plainte, qui doit être déposée dans les prochains jours, vise des faits commis par les forces de police lors de l’occupation pacifique du lycée parisien Hélène Boucher, le 6 juin 2024. Il s’agit « d’interroger la responsabilité des uns et des autres » lors de cette répression, a indiqué l’avocate. Parce que ces violences ne constituaient pas un cas isolé, le collectif de parents et la LDH ont aussi annoncé la saisine de la Défenseure des droits face à la « répression systématique » de ces mobilisations lycéennes.
« Au-delà des individualités, nous voulons savoir qui a décidé, à différents stades, qu’ils soient éducatifs, policiers ou préfectoraux, de la mise en place de cette répression », détaille Me Alice Becker, avocate de plusieurs lycéens mobilisés. Le collectif de parents explique sa démarche par la volonté « d’éclaircir les choses » mais aussi de porter la question de « la répression des mobilisations estudiantines sur la place publique ». Ils réclament également d’être reçus « conjointement par la préfecture et le rectorat de Paris » pour mettre au clair le « mécanisme conjugué » de ces deux institutions.
Une « escalade » dans la répression
Le collectif s’est constitué il y a un an, à la suite de l’action menée au lycée Hélène Boucher, dans le 20e arrondissement de Paris. Les lycéens, mineurs pour la plupart, souhaitaient alerter sur la guerre à Gaza en occupant l’établissement. En réponse, ils auraient été gazés, brimés et insultés par les policiers déployés. « Une des filles portait un body lors de l’interpellation et une policière a dit : ‘À 15 ans, elles sont déjà habillées comme des putes’ », raconte un jeune présent à la conférence de presse. Un autre policier aurait visé les lycéens avec un lanceur de balles de défense, et un troisième serait entré dans une salle de classe avec son arme à la main, selon des images récupérées par le journal Le Monde.
« Le passage en Terminale de certains a été conditionné par le passage dans le bureau de la proviseure et la signature du règlement intérieur », assure l’une des membres du collectif de parents. Une pratique « totalement hors cadre », selon la représentante de Sud Éducation Paris, qui évoque une « répression systématique des blocus des lycées ». La syndicaliste pointe « la responsabilité du rectorat de Paris » et constate que ces violences frappent d’abord « les jeunes de l’Est parisien et ceux des quartiers populaires ».
En se penchant sur les deux dernières années, le collectif de parents a pu recenser douze mobilisations lycéennes qui se sont soldées, à Paris, par l’usage de la force, des insultes, des brimades voire des gardes à vue, de la part de la police. Aujourd’hui, le collectif souhaite plus que jamais alerter sur « l’escalade » du maintien de l’ordre pendant les mobilisations et revendique « la sanctuarisation des lycées et de leurs parvis ».
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