« Lors de la publication du rapport 2024, nous avions alerté : les braises de la violence étaient allumées, il fallait peu de choses pour que le feu prenne. Le problème, c’est que le vent a soufflé très fort cette année », affirme Julia Torlet, présidente et porte-parole de l’association SOS Homophobie. Chaque année, l’organisation publie un rapport qui dresse un état des lieux des actes de haine commis à l’encontre des personnes lesbiennes, gays, bi, trans et intersexes (LGBTI).
Il se fonde sur les témoignages de violence reçus tout au long de l’année précédente, analysés par des experts. En 2024, SOS Homophobie en a reçu 1 571. Un chiffre dans la continuité de ceux des années précédentes, mais qui reflète le climat d’insécurité dans lequel vivent aujourd’hui les LGBTI en France, avec un discours politique et médiatique qui tend à banaliser les violences à leur encontre.
Violences verbales, physiques et symboliques
Les principales victimes recensées de ces violences sont les hommes gays ou perçus comme tels (52 %), suivi des lesbiennes (13 %) puis des femmes trans (10 %). « Cela ne reflète pas forcément la réalité du terrain. Les hommes témoignent plus facilement, alors que les femmes sont invisibilisées », nuance Ugo Zicarelli, co-directeur du rapport. Si les agressions peuvent être physiques (10 % du total des violences recensées), elles prennent le plus souvent la forme de rejet (47 %) et d’insultes (35 %).
Certaines attaques sont ultraviolentes. Jenna et Emma, couple lesbien, en témoignent. Elles sont régulièrement la cible d’insultes homophobes de la part de leur voisine, qui va jusqu’à menacer leur fille de cinq ans : « On viendra violer ta fille, elle verra ce que ça fait de prendre une bite, elle ! » Leurs plaintes à la police restent sans suite.
Ces violences ont un impact direct sur le tissu social. « Elles mettent à mal des relations familiales, amicales, professionnelles », constate Ugo Zicarelli. Conséquence : les personnes LGBTI ont tendance à être isolées, loin des réseaux de solidarité, ce qui les pousse vers la précarité. « C’est à prendre en compte d’un point de vue économique et social », insiste le co-directeur du rapport.
Un contexte politique propice à la LGBTIphobie
L’année 2024 a vu une banalisation de l’hostilité envers les personnes LGBTI. En témoignent les nombreuses vagues de harcèlement envers les artistes et sportifs des Jeux Olympiques de Paris, qui sont venus entacher une cérémonie et une compétition qui se voulaient inclusives. La boxeuse algérienne Imane Khelif, par exemple, a ainsi fait face à un déferlement de haine attaquant sa prétendue transexualité.
« Cela va du mépris à l’agressivité la plus ouvertement manifestée », s’indigne la présidente de SOS homophobie. En 2024, une parole hostile aux LGBTI se fait de plus en plus audible, relayée par certains discours politiques et médias. « On rentre dans une spirale délétère, parce que cette parole légitime de manière totalement illusoire les actes de violence », ajoute la présidente de l’association.
La sphère politique s’empare de la question des LGBTI, avec un double effet : les personnes LGBTI sont visibilisées, mais de fait exposées à la violence des médias et des réseaux sociaux. « Les partis de gauche défendent les victimes de LGBTIphobies, alors que les partis de droite et d’extrême droite les rejettent », souligne Ugo Zicarelli, citant l’exemple de la loi sur l’accès aux soins des mineurs trans portée par Les Républicains et le Rassemblement National. « La montée de l’extrême-droite a généré une recrudescence des discours LGBTIphobes, mais aussi racistes et sexistes », ajoute-t-il, citant l’exemple d’un militant d’extrême-droite ayant déclaré lors des législatives anticipées : « Vivement que le RN soit au pouvoir, qu’on puisse casser du pédé ! »
Pour lutter contre les violences LGBTIphobes, l’association préconise avant tout le travail pédagogique. Le rapport insiste sur la nécessité d’informer, d’éduquer et de sensibiliser dès le plus jeune âge puis tout au long de la vie, pour une société enfin inclusive.
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