« Viré, vous êtes viré » ! Qui n’a pas entendu cette injonction de Donald Trump et ne l’a vu, joignant le geste à la parole, pointer son index vers la porte ? Elle a d’abord fait son succès médiatique, puis a contribué à son succès politique. Elle est symptomatique du dogme libéral : soit tu t’adaptes et tu peux éventuellement, avec beaucoup d’efforts, faire partie du groupe des « gagnants », soit tu n’y parviens pas et alors pas question de solidarité. Les perdants (losers) sont éliminés, du jeu dans un premier temps, de la société dans un deuxième.
Depuis les cours de récréation enfantines, on connaît les dégâts de ce type de comportements sans jamais parvenir à les éradiquer. Ils se reproduisent de génération en génération avec des conséquences désastreuses pour celles et ceux qui en sont victimes. Le public de Trump n’est pas choqué, il en redemande. Hilare dans ses meetings, il l’encourage à aller toujours plus loin, jusqu’à lui donner le pouvoir politique de mettre en œuvre à grande échelle ce qu’il simule sur scène : une politique très dure d’exclusion des plus fragiles.
« Vous êtes virés ! » C’est ce qui est véritablement en France, aujourd’hui, annoncé à des dizaines de milliers de salariés, sans aucune considération pour le travail réalisé pendant des années au service de l’entreprise.
Parmi ses millions d’électrices et d’électeurs, pourtant, beaucoup de travailleurs, de gens modestes dont la situation est très précaire. Se sentir faire partie du camp des vainqueurs, au moins le temps d’une campagne électorale, est comme un exutoire des humiliations et angoisses par soi-même ressenties.
« Vous êtes virés ! » C’est ce qui est véritablement en France, aujourd’hui, annoncé à des dizaines de milliers de salariés, sans aucune considération pour le travail réalisé pendant des années au service de l’entreprise. Ils et elles y ont donné le meilleur d’eux-mêmes, et ont souvent construit leur vie personnelle et familiale autour de cet emploi. Mais quelle importance pour des actionnaires, pour la plupart anonymes, qui en veulent toujours plus et n’ont aucun état d’âme à « virer » ceux et celles dont ils tiennent pourtant leur richesse.
Chaque situation concrète est différente, mais le coup de massue ressenti à l’annonce des suppressions d’emplois est commun à toutes et tous. Non seulement parce que chacun se demande de quoi son lendemain sera fait, si le salaire ne rentre plus, mais aussi parce qu’on se sent méprisé, ravalé au rang d’un « Kleenex », nié dans la conscience professionnelle que l’on a consacrée à son travail.
Deux réactions sont alors possibles : la première, celle qui est cultivée par les Trump et consorts, c’est la perte de l’estime de soi. On intériorise alors le discours culpabilisant sur les « losers ». On se sent moins que rien. Le repli sur soi, la dépression, voire pire, sont aux rendez-vous, hélas, des plans de suppression d’emplois : on retourne sur soi la violence sociale dont on est l’objet.
La deuxième réaction possible est celle de la lutte collective, celle qu’organisent les syndicats. Elle seule permet à la fois d’ouvrir des perspectives et de se faire respecter dans sa dignité de travailleur, de travailleuse. Elle contraint les décideurs à prendre leurs responsabilités et tisse des liens forts de solidarité entre les salarié·es malmené·es.
Parvenir à ce que la deuxième réaction l’emporte sur la première dans un maximum d’entreprises et globalement dans le pays est donc un enjeu décisif, pour que la solidarité de lutte soit plus forte que l’idéologie libérale. C’est ainsi une part de l’avenir politique de notre pays qui se joue dans la portée des luttes syndicales.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
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