Un pas devant l’autre, de Marseille à Paris. Il y a quarante ans, le 15 octobre 1983, quelques dizaines de personnes partaient de la cité phocéenne pour rejoindre la capitale à pied sans savoir s’ils allaient ou non marquer l’histoire. C’était le début de la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Ils seront 100 000 à arriver à Paris le 3 décembre de la même année.
« Non, cela ne peut plus durer. Ces meurtres de jeunes un peu partout en France ces derniers mois, ce climat de rejet des étrangers qui s’étend comme un most cancers, il faut l’arrêter. Nous allons prendre la route (…) pour rejoindre tous ceux qui en France refusent une France de l’apartheid », lançait avant le high départ le père Christian Delorme, coorganisateur de la marche avec Toumi Djaïdja.
Le président de l’affiliation SOS Avenir Minguettes avait été blessé par balle par un policier lors de l’été 1983 dans son quartier de Vénissieux (Rhône), régulièrement à la une pour des faits de violence, à tel level que le président de la République François Mitterrand s’était rendu sur place pour constater les inégalités sociales et la déshérence frappant les grands ensembles.
« Cette marche fait partie de l’histoire de France »
Le contexte, cette année-là, est double : d’un côté, plus d’une quarantaine de jeunes d’origine maghrébine sont assassinés entre 1980 et 1983 soit dans le cadre de violences policières, soit dans celui de crimes racistes commis par des particuliers. Le jeune Toufik Ouanes est tué par l’un de ses voisins, le 9 juillet 1983, à La Courneuve alors qu’il n’a même pas 10 ans.
De l’autre, la victoire de la gauche en 1981 a permis l’extension des libertés associatives aux étrangers et l’idée que l’espoir est attainable. Toumi Djaïdja et Christian Delorme décident d’organiser une marche non violente, citant Martin Luther King et Gandhi comme modèles.
La procession est pacifique. Elle le restera malgré l’assassinat par trois racistes d’Habib Grimzi, jeté du prepare Bordeaux-Vintimille le 14 novembre, ce qui va indigner le pays. Tous les projecteurs sont désormais braqués sur la marche, à laquelle participe régulièrement Georgina Dufoix, secrétaire d’État à la Famille, à la Inhabitants et aux Travailleurs immigrés.
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« Cette marche fait partie de l’histoire de France. C’est une lutte française. Et c’est l’idée que la France est une mobylette : pour avancer, elle a besoin de mélange. À l’arrivée à Paris, sur l’estrade, les larmes me coulent », se souvient Samia Messaoudi, journaliste à Beur FM, qui a suivi toute la marche et organisé son arrivée à Paris.
« Je suis venu de Toulouse. J’avais 19 ans. C’est un memento magnifique, euphorique, joyeux. C’est la foule fraternelle mêlant toutes les origines. J’ai ressenti une bouffée d’espoir, l’impression que l’on n’est plus seuls, que les choses vont changer et que nous allons tous ensemble être acteurs de nos vies », se souvient Salah Amokrane, toujours militant des quartiers pour l’égalité aujourd’hui.
Une délégation de marcheurs est reçue à l’Élysée par François Mitterrand, qui promet la carte de séjour et de travail valable dix ans, une loi contre les crimes racistes et le vote des étrangers aux élections locales. Cette dernière promesse, quarante ans plus tard, n’a toujours pas été tenue par la gauche.
« Quarante ans après la marche, un flic se despatched autorisé à tirer à bout portant sur un jeune »
Et pour le reste ? « Beaucoup de choses ont changé. Mais on aurait besoin d’une nouvelle marche : l’égalité des droits n’existe pas, le racisme est toujours là et le RN engrange des tens of millions de voix, les violences policières n’ont pas été éradiquées, et beaucoup de quartiers sont abandonnés. Les habitants et les élus de terrain se battent, mais il n’y a aucune volonté au sommet de l’État concernant la politique de la ville », mesure Samia Messaoudi. Celle qui vient d’écrire un livre sur la marche de 1983 et sillonne sans relâche les collèges et les lycées pour en parler aurait pu s’arrêter là. Sauf qu’il y a eu le meurtre de Nahel, cette année, à Nanterre.
« Quarante ans après la marche, un flic se despatched autorisé à tirer à bout portant sur un jeune. C’est tellement révélateur… Et ça a été l’embrasement dans les quartiers, comme en 2005 à Clichy-sous-Bois. C’est le symptôme d’une société qui va mal, d’un sentiment de relégation, d’humiliation. Nous avons beaucoup à faire », pointe-t-elle. « La réponse du gouvernement est purement répressive, avec une justice expéditive et la stigmatisation des familles. Elle exclut complètement la query sociale et celle des providers publics. Mais on parle de mômes qui ont mis le feu. De mômes ! Il faudrait aller plus loin dans l’analyse. Sauf que les habitants des quartiers ne pèsent pas politiquement, et tant qu’on ne pèsera pas, nous n’arriverons pas à imposer une transformation du discours et des pratiques », relève Salah Amokrane.
Gilles Leproust : « Nous voulons des propositions financées pour les banlieues »
Le militant revient à 1983. « Ce n’était pas un mouvement politique structuré. Il y a eu un gros raté à gauche, avec une opération du PS à travers SOS Racisme visant à endiguer l’expression des quartiers. Mais je vois quand même des points très positifs à 1983 ! Pour moi, c’est la première marche des quartiers. C’est un second de bascule : on passe de la query de l’immigration à celle des cités populaires et des banlieues. Cette marche, c’est l’idée que l’on est tous français. C’est une affirmation publique d’appartenance au pays. C’est la fin du mythe du retour », observe-t-il.
C’est aussi l’entrée définitive des citoyens d’origine maghrébine sur la scène publique française. « Les choses ont évolué de façon très paradoxale. Beaucoup de Français issus de l’immigration ont fait leur chemin et vivent paisiblement à tous les niveaux de la société française. Les époques ne sont pas comparables. Mais le fight pour l’égalité sociale a régressé depuis les années 1990. Le racisme est traité comme une query morale alors que c’est une query politique. Et de nombreux gouvernants et dirigeants de parti jouent avec le racisme et la query de l’islam, il y a une stigmatisation réelle des musulmans », ajoute Salah Amokrane.
« Définitivement, on aurait besoin de remarcher d’un bout à l’autre du pays, de tous se donner la foremost, et d’affirmer notre volonté de prendre soin les uns des autres, on n’a pas le choix », conclut Samia Messaoudi. Au quartier des Minguettes, une fresque est constituée de trois portraits à la suite : Martin Luther King, Gandhi, et Toumi Djaïdja. Les habitants ont déjà hâte d’y ajouter une nouvelle determine. Un nouveau chemin vers la fraternité.
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