Il a fallu une dépêche AFP et un article du Monde ce vendredi matin pour que les suiveurs du mouvement syndical entrent en ébullition. La bonne entente qu’ont su créer la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’UNSA, Solidaires et la FSU pour mener le mouvement historique contre la réforme des retraites, “a du plomb dans l’aile”, selon l’agence de presse, va être mise “en sommeil”, écrit le quotidien du soir.
Les leaders de l’intersyndicale sont censés acter la nouvelle scenario vendredi 1er décembre prochain, lors d’un rendez-vous fixé au lendemain de la journée de manifestation du 13 octobre, à l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES), consacrée vendredi 13 octobre aux salaires, à l’égalité femme-homme et contre l’austérité budgétaire. Une réunion qui doit organiser la nouvelle salve de mobilisations européennes le 12 décembre prochain.
Les sources de division pèsent-elles désormais plus lourd que les revendications communes? Les huit centrales syndicales sont-elles en passent de renouer avec leurs anciennes divisions, avec d’un côté les “réformistes”, de l’autre les “contestaires”? La scenario est bien plus nuancée.
Les raisons de la désunion
« Je pense que le second est venu d’éclaircir les choses entre nous (…). Rien ne justifie aujourd’hui que l’intersyndicale perdure», explique François Hommeril, le président de la CFE-CGC, au Monde. “On a eu du mal à trouver la date et on s’était déjà vus beaucoup. Je crois qu’on n’avait pas tout à fait envie de se voir tous”, ironise Frédéric Souillot, numéro un de Pressure ouvrière à l’AFP à propos du rendez-vous de vendredi prochain. Dans ces articles, les deux responsables se montrent les plus tranchés quant à l’avenir de l’intersyndicale. Mais pas pour les mêmes raisons.
A Pressure ouvrière, Frédéric Souillot a été élu en juin dernier pour succéder à Yves Veyrier, avec le mandat d’augmenter l’viewers syndicale de la confédération. “FO n’a pas vocation à rester sur la dernière marche du podium”, derrière la CFDT et la CGT, avait expliqué Yves Veyrier en préambule du congrès de Rouen, alors que le syndicat avait vu ses résultats stagnés lors des dernières élections professionnelles dans le public (18,1%, -0,5%, en 2018) comme dans le privé (15,24%, -0,36% en 2021).
A l’heure où 70% des cases représentatives des personnels sont en passe d’être renouvelées d’ici février 2024, FO doit donc montrer ses différences avec la CFDT et la CGT, lors des campagnes pour les élections aux comités sociaux et économiques dans les entreprises. Des campagnes qui, forcément, tendent les relations entre syndicats sur le terrain.
La CFE-CGC a elle-aussi des enjeux de représentativité. Le syndicat des cadres doit faire sa place parmi toutes les autres confédérations inter-catégorielles. A ce sujet, elle vient de frapper un grand coup dans l’énergie. Mais à cela s’ajoutent les suites de l’accord sur l’Assurance chômage. Trouvé mi-novembre et signé par les trois organisations patronales d’un côté, la CFDT, la CFTC et FO côté salariés, le texte a provoqué la colère de l’organisation présidée par François Hommeril qui, une fois n’est pas coutume, a quitté la desk des négociations avant le terme des discussions.
Objet de l’ire: la dégressivité de l’allocation-chômage. Le syndicat demandait la suppression de cette mesure instaurée par les précédentes réformes de l’Unédic pilotées directement par le gouvernement, qui imposent une diminution des indemnités journalières supérieures à 91,02 euros par jour. Principaux visés: les salariés percevant un salaire brut de 4850 euros, avant perte d’emploi. Soit les cadres.
L’accord remaining ne suggest qu’un achieve minime, avec l’arrêt de cette mesure d’économie à 55 ans au lieu de 57 ans. “Il y avait une opportunité pour faire disparaitre cette mesure injuste et inefficace”, notice dans son communiqué la CFE-CGC qui regrette: “Il y avait tant à gagner et à améliorer dans l’intérêt de toutes et tous, avec un price range en excédant à près de 8 milliards par an sur la période. Mais encore aurait-il fallu que cette volonté soit partagée par tous et résiste aux pressions extérieures ! Pour la CFE-CGC, ce kind de négociation n’a aucun sens.” Les autres syndicats dits réformistes ont pourtant paraphé l’accord.
Les raisons de l’union
Nul donc que ce contexte tendu ne corse les relations entre centrales syndicales. Mais les raisons de ne pas tout casser sont réelles.
La première est que cette entente a déjà muté dès après l’adoption définitive à coup de 49.3 de la réforme des retraites. D’un entrance commun unanime sur ce sujet face à l’exécutif, à un format de dialogue pour trouver les plus petits communs dénominateurs en terme de revendications.
Cheville ouvrière pour la CFDT de l’union des 8 syndicats, lors des six mois de mobilisations contre la réforme des retraites, Marylise Léon avait déjà acté ce changement de nature des relations entre les confédérations. Ce qu’elle avait résumé à la Fête de l’Humanité: “Nos organisations sont différentes. Mais après avoir été contre, l’idée est désormais de produire du positif pour les travailleurs, de donner des views, de nouveaux droits. L’égalité salariale femmes-hommes nous rassemble. Les salaires, l’augmentation du pouvoir d’achat, bien sûr aussi, tout de suite. On doit aller chercher les employeurs sur le sujet. Et nous ne pouvons pas connaître en 2024 une année blanche pour les salaires des fonctionnaires.”
Si ces champs revendicatifs demeurent, les prochaines négociations sur “le nouveau pacte de vivre au travail”, queue de comète de la réforme des retraites, arrivent vite. La CFDT peut certes voir certaines de ces revendications exaucées, à l’picture de la création d’un compte épargne temps universel permettant aux salariés de stocker leurs jours de congés. Mais la centrale de Belleville a besoin comme ses homologues de faire un minimal entrance commun face aux envies du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, d’aller plus loin dans la casse du modèle social pour parvenir à l’objectif des 5% de chômage, alors que le taux de privés d’emploi augmente.
La secrétaire générale de la CFDT reste donc très modérée quant à l’avenir de l’intersyndicale. Il y “aura un débat sur les prochaines étapes, sur ce qui est attainable de faire ensemble ou pas”, explique-t-elle à l’AFP. “On a toujours dit que l’intersyndicale telle qu’elle existait pendant les retraites était utile et importante. On est dans un autre second aujourd’hui.”
A la CGT, “l’attachement à l’unité” demeure forte. Citée par l’AFP, Sophie Binet estime qu’il faut “garder la dynamique unitaire, ne pas revenir aux tensions qui préexistaient”. “L’intersyndicale ne proceed évidemment pas sous la mêmeforme puisqu’on n’est plus sur cette temporalité”. Mais, lors de la conférence sociale du 16 octobre sur les bas salaires, “tous les syndicats sont arrivés unis, et tous les syndicats sont sortis unis. On a eu des mots différents mais globalement la tonalité était très partagée”, relève la secrétaire générale qui souligne “qu’il y a une demande d’unité très forte” de la half des salariés.
Ces citations ne dépareillent pas de ce que déclarait Sophie Binet à l’Humanité Journal mi-octobre: “Le gouvernement est au service du patronat. L’extrême droite n’a jamais été aussi puissante et se nourrit de la violence des politiques néolibérales. Les travailleurs sont pris en étau. Pour empêcher la disaster fasciste, le syndicalisme doit être fort et rassemblé. Dans cette période troublée, l’intersyndicale est une boussole. Malgré nos divergences et différences de démarches, nous sommes unis sur l’essentiel. C’est la seule façon pour se faire entendre face au gouvernement.”
Signe des temps, la confédération de Montreuil a joint sa signature à celles de la CFDT, de la CFTC, de FO et de la CFE-CGC, sur l’accord fixant les nouvelles règles de gestion des retraites complémentaires Agirc-Arrco. Celles-ci ne satisfaisaient pas pleinement l’organisation. “La CGT signe pour s’opposer à la ponction du gouvernement sur l’argent des salarié.es et des retraité.es”, affirmait son communiqué.
Vendredi 1er octobre, les huit syndicats auront à peser tous ces pour et ces contre. Mais ils se retrouveront unanimes pour soutenir le second appel de la Confédération européenne des syndicats pour l’augmentation des salaires et la lutte contre l’austérité budgétaire.