Vendredi 2 mai, un jeune homme de 19 ans a été blessé par balle lors d’une intervention policière à Drancy (Seine-Saint-Denis). Un policier a également été blessé. Tout a commencé en début de soirée, quand un équipage de policiers est intervenu dans un quartier de la ville, dans le cadre d’une opération de lutte contre un rodéo urbain, « filmé en vue d’être utilisé pour un clip de rap ».
Selon le procureur de la République de Bobigny, « plusieurs individus se sont interposés entre les policiers et le conducteur contrôlé. Dans ce contexte de violences, après l’usage d’un pistolet à impulsion électrique et des tirs de sommation en l’air, un fonctionnaire a ouvert le feu à l’encontre d’un jeune homme de 19 ans, le blessant à la cuisse. Le fonctionnaire a été lui-même blessé en chutant au sol ».
Une séquence impliquant « beaucoup d’intervenants »
Le parquet insiste sur le caractère « flou » de la séquence impliquant « beaucoup d’intervenants ». Ce que tend à confirmer une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Elle montre une violente altercation entre deux policiers et plusieurs personnes autour d’une motocross tombée sur la chaussée.
L’un des fonctionnaires de police procède à des tirs de sommation, puis est bousculé par un jeune. Il tombe sur la chaussée et c’est à ce moment qu’un coup de feu semble partir. Un jeune qui se trouve alors hors champ sur la vidéo est blessé par balle. Le procureur a confirmé samedi soir que « ses jours (n’étaient) pas en danger » et qu’il « n’a jamais fait l’objet de poursuites judiciaires ».
Deux enquêtes ont été ouvertes, a annoncé le parquet de Bobigny samedi. « L’une confiée au service départemental de la police judiciaire pour les violences sur les policiers, et l’autre confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN) sur l’usage de l’arme à feu par le fonctionnaire de police, ouverte du chef de violences avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT de plus de huit jours. » Trois personnes ont été placées en garde à vue pour violences en réunion sur des personnes dépositaires de l’autorité publique.
La proportionnalité de la réponse policière en question
« Rien ne justifie que l’on s’oppose par la violence à un contrôle de police », a réagi le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur le réseau social X. Sans surprise, Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et allié du RN, s’est empressé d’« apporter (son) total soutien aux policiers sauvagement agressés à Drancy », sur son compte X. L’enquête étant en cours, il est difficile de juger qui est responsable de quoi, mais la question de la proportionnalité de la riposte des policiers face à des jeunes agressifs, mais a priori désarmés, est une fois encore posée.
Pour le député insoumis de la circonscription Aly Diouara, cet épisode illustre « une défiance croissante entre une partie de la population et les forces de l’ordre ». Point de vue partagé par la députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain, pour qui « il est urgent de créer les conditions d’un changement dans les relations entre la police et la population, et singulièrement dans les quartiers populaires », a-t-elle tweeté.
Éducateurs de rue en nombre insuffisant, politique des quartiers en berne, absence de police de proximité… Cette nouvelle affaire pose, de fait, des questions plus larges.
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