Le pire semble passé. En fin de matinée, jeudi 2 novembre, la vigilance rouge était levée sur les trois derniers départements, Manche, Finistère et Côtes-d’Armor, à avoir été en alerte maximale pour faire face à la tempête Ciaran. Les vents et rafales se déplaçaient progressivement dans la journée vers le nord de la France et l’Angleterre, mais restaient suffisants pour maintenir jusqu’à 18 heures le niveau orange sur toute la façade atlantique et sur la Manche. L’heure était surtout à l’évaluation des dégâts et aux premières réparations, après le passage, dans la nuit de mercredi à jeudi, de rafales violentes qui ont fait tomber les arbres et endommagé les infrastructures. Deux morts étaient à déplorer, un chauffeur de poids lourd, tué par l’arbre qui est tombé sur son véhicule, et un homme de 70 ans, décédé accidentellement au Havre, alors qu’il tentait de fermer son volet. Quinze personnes ont par ailleurs été légèrement blessées, dont sept sapeurs-pompiers, selon le bilan fourni par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, jeudi, en milieu d’après-midi.
« 207 km/h à la pointe du Raz, c’est du jamais-vu »
Les rafales provoquées par Ciaran ont été particulièrement violentes. Météo France a relevé que plusieurs data absolus de vent ont été battus, dans le Finistère avec 193 km/h à Plougonvelin ou 172 km/h à Ploudalmézeau. « 207 km/h à la pointe du Raz, c’est du jamais-vu », a déclaré le préfet du département, Alain Espinasse, évoquant les données récoltées dans une station non reconnue par Météo France. Soucieux de communiquer sur son engagement, le gouvernement avait, la veille, multiplié les gestes pour montrer qu’il était sur le pont. Le président Macron lui-même était intervenu pour appeler sur le réseau X (ex-Twitter) les habitants de la région à « ne prendre aucun risque et à rester chez eux ».
Si le nombre de victimes a pu être limité, les rafales ont causé de nombreux dégâts. Jeudi, à midi, plus que 980 000 foyers étaient encore privés d’électricité, dont 575 000 en Bretagne et 315 000 en Normandie, contre 1,2 million au plus fort de la tempête. Enedis continuait, jeudi, de travailler au rétablissement de l’électricité dans un most de maisons. La compagnie a indiqué que « 3 000 salariés et prestataires d’Enedis sont mobilisés avec les moyens logistiques adaptés, dont 300 groupes électrogènes et 30 hélicoptères ». Les équipes de RTE, qui s’occupent des lignes à hautes tensions, étaient aussi mobilisées après l’interruption de 13 lignes.
Avec le passage de Ciaran, la circulation a aussi beaucoup souffert, en raison des arbres tombés sur les routes. Une unité nationale de la Sécurité civile a été mobilisée dès la matinée depuis Rennes, pour dégager les voies de communication. Il restait néanmoins recommandé dans une bonne partie de la Bretagne de ne pas utiliser son véhicule. Du côté des trains, le trafic TER est resté interrompu toute la journée jeudi, sur l’ensemble de la région, mais aussi dans les Pays de la Loire, en Normandie, dans le Centre-Val de Loire ou les Hauts-de-France. Seuls des TGV reliant Paris à Rennes, Excursions ou Lille ont été autorisés à circuler.
Pour les particuliers aussi, l’heure est aux décomptes. Toits endommagés, véhicules abîmés, arbres déracinés, clôtures détruites… C’est tout un inventaire des dégâts qu’il faut maintenant dresser pour pouvoir faire fonctionner les assurances, une fois l’arrêté de disaster naturelle pris par le gouvernement. En attendant, Météo France a mis en garde le Sud-Est du pays, et notamment la Corse, avec l’arrivée jeudi soir d’un « entrance froid (…) associé à des pluies orageuses pouvant donner des cumuls de pluie importants, ainsi que des rafales de vent parfois fortes ».